Gleyre; étude biographique et critique: avec le catalogue raisonné de l'œuvre du maître

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Didier, 1877 - 547 pages
 

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Popular passages

Page 35 - J'ai vu ce matin Kaisermann, de la Sarraz, dont vous avez peut-être entendu parler. C'est un vieux chien d'avare dont il n'ya rien à espérer de bon. Il va, je crois, renvoyer ses neveux et se marier. Il est bien juste qu'il soit puni de tous ses péchés à la fin. » Si forte est la préoccupation de cette antipathie qu'elle le poursuit même lorsqu'il pense et rêve. Parmi les notes qu'il écrivait pour son propre compte et qui n'étaient pas destinées à passer sous d'autres yeux que les siens,...
Page 77 - J'ai reconnu le néant de toutes choses sans en avoir possédé aucune. Maintenant sans désir, sans volonté, comme une branche morte, je me laisse emporter au gré du courant, sans me soucier trop où il me portera. » Quiconque sera saisi en pleine fleur par la pauvreté ou le chagrin en gardera toujours une ineffaçable empreinte de tristesse, et la personne de Gleyre portait témoignage de la douloureuse vérité de cette observation. On devinait en l'approchant quelqu'un qui n'avait pas joui...
Page 195 - ... des bacchantes de cet artiste, conçue et exécutée dans le goût de Poussin, est le seul tableau d'histoire digne de ce nom qui soit au salon, le seul où revivent les grandes qualités de composition, de méthode, de dessin, qui constituent les maîtres. Dans cette œuvre poétiquemeut conçue et savamment combinée, toutes les parties sont étudiées avec un soin religieux. M. Gleyre respecte trop son art pour rien livrer à l'aventure. Tout ce qu'il fait est voulu et cherché, et dans les...
Page 140 - Les critiques habitués à chercher dans la peinture ce que la peinture ne saurait donner ont prononcé sur cet ouvrage des jugements assez étranges : les uns, pour faire preuve d'érudition, lui ont reproché de ne pas rappeler en traits éclatants les nombreux voyages de l'apôtre ; les autres, croyant témoigner leur générosité, ont bien voulu reconnaître sur le visage du saint la trace lumineuse de ses pérégrinations. Je ne m'arrêterai pas à discuter ces deux classes de jugements également...
Page 1 - Ici je change d'historien : un homme fut mon ami et l'ami de M. de Fontanes : je ne sais si au fond de sa tombe il me saura gré de révéler la noble et pure existence qu'il a cachée. Quelques articles qu'il ne signait pas, ont seulement paru dans diverses feuilles publiques : parmi ces articles se trouve un examen du Boscobel.
Page 195 - L'auteur s'est efforcé dans toutes les parties de son œuvre de réaliser pleinement l'idéal qu'il avait rêvé. Quoique le style de cette composition révèle clairement un homme sévère pour lui-même, il me semble que M. Gleyre doit être à peu près content. Je n'ose croire qu il le soit tout à fait, malgré le plaisir que j'ai éprouvé à contempler ses Bacchantes...
Page 163 - ... personnages allégoriques. L'homme. assis au rivage et qui voit s'enfuir les illusions, les espérances de sa jeunesse, réveille dans toutes les âmes des souvenirs poi.'gnants qui n'ont pas besoin d'être commentés: c'est la vérité même., prise sur le fait et traduite dans. un langage élégant et pur. Ce que j'admire dans cette composition, ce n'est pas seulement la simplicité de la donnée, que personne ne saurait méconnaître; c'est aussi la précision du dessin, le choix heureux des...
Page 141 - ... plus de sévérité dans les lignes. Il est facile de deviner que M. Gleyre, pour éviter la banalité, s'est astreint à copier presque littéralement un modèle réel. Je reconnais volontiers que son espérance n'a pas été déçue. Certes, il n'ya rien de vulgaire dans son Saint Jean, rien qui sente les traditions de l'école. Le caractère individuel du visage exclut toute pensée de réminiscence. Reste à savoir si le caractère individuel, très-estimable en soi, suffit pour réunir tous...
Page 142 - ... vue les enseignements du passé: tout ce qui a été fait doit servir de guide aux générations nouvelles. C'est pour avoir méconnu cette vérité que M. Gleyre n'a produit qu'une œuvre incomplète : son Saint Jean, malgré toutes les qualités qui le recommandent, ne parle pas assez vivement à l'imagination. Le visage, tout en exprimant le recueillement, la méditation et l'extase, tient par trop de points aux visages que nous voyons chaque jour. Emporté par le désir d'imprimer au personnage...
Page 178 - ... personnages qu'il a réunis au pied de la croix sont des pêcheurs, des charpentiers, des laboureurs, des vignerons. Ce caractère rustique est à mes yeux un mérite de premier ordre ; c'est le type indiqué par l'Évangile, et M. Gleyre a su le rendre avec une étonnante habileté. Si de la partie purement idéale je passe à la partie matérielle, je n'ai pas à constater un progrès moins éclatant : toutes les têtes sont étudiées avec un soin scrupuleux ; les yeux regardent, les bouches...

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