Jack: mœurs contemporaines, Volume 2

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Popular passages

Page 103 - ... sourd, sans haleine, étouffé par le sang qui montait, les yeux troubles sous les cils brûlés. Il fit ce qu'il voyait faire aux autres, et, tout ruisselant, s'élança sous la «manche à air,» long conduit de toile où l'air extérieur tombe, se précipite du haut du pont par torrents... Ah! que c'était bon! Presque aussitôt, une chape de glace s'abattit sur ses épaules. Ce courant d'air meurtrier avait arrêté son souffle et sa vie. — La gourde! cria-t-il d'une voix rauque au chauffeur...
Page 348 - Ce qui l'empêche de les joindre, ce sont d'énormes machines rangées le long des fossés, effrayantes, ronflantes, et dont les gueules ouvertes, les dards fumants, lui envoient un souffle embrasé. Raboteuses à vapeur, scies à vapeur, elles sont toutes là, faisant aller leurs bielles, leurs crocs, leurs pistons, dans un train assourdissant de marteaux à la forge. Jack, tout tremblant, se décide à passer au milieu d'elles ; il est happé, saisi, déchiré ; des lambeaux de sa chair sont emportés...
Page 328 - Paris il s'est levé d'autres fanatiques pour remplacer les morts et resserrer les rangs. Rien ne les décourage, ni les déceptions, ni les maladies, ni le froid, ni la chaleur, ni la famine. Ils vont, ils se hâtent. Ils n'arriveront jamais. Au milieu d'eux, d'Argenton mieux nourri, bien vêtu, ressemblait à un riche hadji cheminant parmi les pouilleux, avec son harem, ses pipes, ses richesses. Et ce qui ajoutait à son rayonnement, ce soirlà, c'était sa vanité satisfaite, la conscience sereine...
Page 349 - Il veut fuir ; la vieille s'élance après lui, lui « donne une chasse» éperdue à travers l'immense forêt, si sombre maintenant que la nuit descend &ous les arbres. Il court, il court... La vieille va plus vite qw« lui... Il entend son pas qui se rapproche, le frottement de son fagot dans la garenne, sa respiration haletante... "Elle le saisit enfin, lutte avec lui, le renverse, puis de tout son poids s'assied sur la poitrine de l'enfant qu'elle écrase avec sa bourrée épineuse.,. Jack se...
Page 114 - ... réunis sans cesse autour de la table. Puis il l'associait à ses travaux. Pour faciliter ses digestions, il avait pris l'habitude de dicter au lieu d'écrire, et comme Charlotte avait une belle écriture anglaise, c'est elle qui lui servait de secrétaire. Tous les soirs, quand ils dînaient seuls, il dictait pendant une heure en se promenant de long en large. Dans la vieille maison endormie, on entendait résonner ses pas, sa voix solennelle, et une autre voix douce, aimable, admirative, qui...
Page 341 - ... maux, ce féroce Paris, à en inventer d'étranges, d'imprévus, de compliqués, avec l'aide du vice, de la misère et de toutes les combinaisons qu'amènent entre eux ces deux éléments de souffrance ! De nombreux spécimens de son savoirfaire s"'étalaient là, piteusement, sur les bancs sordides, dans cette salle du parvis. A mesure qu'ils entraient, on les séparait en deux catégories : d'un côté, les blessés, ceux que les roues des usines, les engrenages des machines à vapeur, les...
Page 61 - La vue de son vieil ami, de ce luxe auquel elle avait renoncé, l'influence de l'entant qu'elle allait retrouver, tout son passé pouvait la reprendre, l'arracher à cette tyrannie que lui-même sentait lourde et dure à supporter. C'est qu'il ne pouvait plus se passer d'elle. Son égoïsme vaniteux, ses superstitions de malade s'attachaient à cette tendresse aveugle, à ces soins continuels, à cette bonne humeur épanouie. En outre...
Page 250 - En commençant, chacun mangeait silencieusement, d'abord parce qu'on avait une faim intense, et puis aussi à cause d'une certaine intimidation causée par le service de ces messieurs en habit noir, que Bélisaire essayait en vain de dérider avec son bon sourire.
Page 103 - Il travaillait pourtant avec tout son courage ; mais au bout d'une heure de ce supplice ardent, il se sentit aveuglé, sourd, sans haleine, étouffé par le sang qui montait, les yeux troubles sous les cils brûlés. Il fit ce qu'il voyait faire aux autres, et, tout ruisselant, s'élança sous la « manche à air », long conduit de toile où l'air extérieur tombe, se précipite du haut du pont par torrents...
Page 153 - C'est une impression bien fréquente que ce désenchantement des souvenirs d'enfance retrouvés à l'âge où tout se juge et se raisonne. On dirait qu'il ya dans les yeux de l'enfant une matière colorante qui dure autant que l'ignorance de ses premiers regards ; à mesure qu'il grandit, tout se ternit de ce qu'il admirait. Les poètes sont des hommes qui ont gardé leurs yeux d'enfants.

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