Manuscrit venu de Saint-Hélène, d'une manière inconnue

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J. Murray, 1817 - France - 124 pages
 

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Page 21 - II l'aurait borné à la France , s'il avait voulu alors la laisser à elle-même. Il me fallut donc faire la guerre. Masséna se défendait dans Gênes ; mais les armées de la république n'osaient plus repasser ni le Rhin ni les Alpes. Il fallait donc rentrer en Italie et en Allemagne , pour dicter une seconde fois la paix à l'Autriche. Tel était mon plan ; mais je n'avais ni soldats^ ni canons, ni fusils.
Page 34 - L'Autriche avait reçu de si grandes leçons, que les ministres n'osaient proposer la guerre de sitôt, quelqn'envie qu'ils eussent de gagner leur argent. La Prusse s'engraissait de sa neutralité; la Russie avait fait en Suisse une fatale expérience de la guerre. L'Italie et l'Espagne étaient entrées, à peu de chose près, dans mon système; le continent faisait halte. — Faute de mieux , je mis en avant un projet de descente en Angleterre. Je n'ai jamais pensé à le réaliser, car il aurait...
Page 28 - ... intérêts se froissaient trop. Je compris que plus on abrégerait la crise , mieux les peuples s'en trouveraient. Il fallait avoir pour nous la moitié plus un de l'Europe , afin que la balance penchât de notre côté. Je ne pouvais disposer de ce poids qu'en vertu de la loi du plus fort , parce que c'est la seule qui ait cours entre les peuples. Il fallait donc que je fusse le plus fort de toute nécessité : car je n'étais pas seulement chargé de gouverner la France , mais de lui soumettre...
Page 3 - Ma naissance me destinait au service : c'est pourquoi j'ai été placé dans les écoles militaires. J'obtins une lieutenance au commencement de la révolution. Je n'ai jamais reçu de titre avec autant de plaisir que celui-là.
Page 52 - Je n'ai sur-tout rien laissé de disponible à ces demi-responsabilités provinciales, parce que l'expérience m'avait prouvé que cet abandon ne sert qu'à enrichir quelques petits mal-versateurs aux dépens du trésor du peuple et de la chose.
Page 22 - Lasnes commandait l'avant-garde. Il courut prendre Ivrée , Verceil , Pavie , et s'assura du passage du Pô. Toute l'armée le passa sans obstacles. « Nous étions tous jeunes dans ce temps , soldats et généraux. Nous avions notre fortune à faire.
Page 65 - ... pas sans des flots de sang et de longues calamités. » Que demandaient d'ailleurs les hommes qui voulaient un changement en Espagne ? Ce n'était pas une révolution comme la nôtre : c'était un gouvernement capable ; une autorité qui fût en état d'ôter la rouille qui couvrait leur pays , afin de lui rendre de la considération au dehors ,et de la civilisation au dedans. » Je pouvais leur donner l'un et l'autre , en m' emparant de leur révolution an point où ils l'avaient amenée.
Page 45 - ... fallait donc profiter du repos passager que je venais de rendre au continent, pour élargir la base de l'empire, afin de la rendre plus solide pour les attaques à venir. Le trône était héréditaire dans ma famille : elle commençait ainsi une dynastie nouvelle, que le temps devait consacrer , comme il a légitimé toutes les autres ; car depuis Charlemagne aucune couronne n'avait été donnée avec autant de solennité. Je l'avais reçue du vœu des peuples et de la sanction de l'église...
Page 49 - ... du dictateur. Je devais la rendre perpétuelle, en faisant des institutions à demeure, et des corporations vivaces, afin de les placer entre le trône et la démocratie. Je ne pouvais rien opérer par le levier des habitudes et des illusions.
Page 38 - Je ne pouvais pas devenir roi. C'était un titre usé. Il portait avec lui des 'idées reçues. Mon titre devait être nouveau comme la nature de mon pouvoir. Je n'étais pas l'héritier des Bourbons. Il fallait être beaucoup plus pour s'asseoir sur leur trône. Je pris le nom d'empereur, parce qu'il était plus grand et moins défini (2).

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