Oeuvres complètes de Rivarol: précédées d'une notice sur sa vie... : Le petit almanach de nos grands hommes pour l'année 1788, suivi d'un grand nombre de pièces inédites, Volume 3

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L. Collin, 1808
 

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Popular passages

Page xxii - Son dialogue est souvent plein de vigueur et de naturel, et tous ses personnages sont fièrement dessinés. La plupart de ses peintures ont encore aujourd'hui la force de l'antique et la fraîcheur du moderne, et peuvent être comparées à ces tableaux d'un coloris sombre et effrayant qui sortaient des ateliers des Michel-Ange et des Carrache, et donnaient à des sujets empruntés de la religion une sublimité qui parlait à tous les yeux.
Page 312 - J'ai senti, comme toi , notre commune injure; Mais ne crois pas, ami, que par un vain murmure, Des oignons irrités j'imite le courroux : Le ciel fit les navets d'un naturel plus doux.
Page xxi - Poète assez d'images pour peindre son monde idéal, il conduit et ramène sans cesse le Lecteur de l'un à l'autre ; et ce mélange d'événemens si invraisemblables et de couleurs si vraies, fait toute la magie de son Poème.
Page 165 - ... son profil ou son revers : enfin il n'est point d'artifice dont je ne me sois avisé dans cette traduction , que je regarde comme une forte étude faite d'après un grand poète. C'est ainsi que les jeunes peintres font leurs cartons d'après les maîtres.
Page 313 - Et n'y parle jamais de navets et de choux. Son style citadin peint en beau les campagnes; Sur un papier chinois il a vu les montagnes, La mer à l'opéra, les forêts à Longchamps, Et tous ces grands objets ont ennobli ses chants. Ira-t-il, descendu de ces hauteurs sublimes, De vingt noms roturiers déshonorer ses rimes, Et, pour nous renonçant au musc du parfumeur, Des choux qui l'ont nourri lui préférer l'odeur? Papillon en rabat, coiffé d'une auréole, Dont le...
Page 313 - Qu'importent des succès par la brigue surpris? On connaît les dégoûts du superbe Paris. Combien de grands auteurs dans les soupers brillèrent, Qui, malgré leurs amis, au grand jour s'éclipsèrent! Le monde est un théâtre, et, dans ses jeux cruels, L'idole du matin, le soir, n'a plus d'autels. Nous y verrons tomber cet esprit de collège, De ses dieux potagers déserteur sacrilège : Oui, la fortune un jour vengera notre affront; Sa gloire passera, les navets resteront!
Page xvi - L'effet qu'il produisit fut tel, que, lorsque son langage rude et original ne fut presque plus entendu et qu'on eut perdu la clef des allusions, sa grande réputation ne laissa pas de s'étendre dans un espace de cinq cents ans, comme ces fortes commotions dont l'ébranlement se propage à d'immenses distances. L'Italie donna le nom de divin à ce...
Page 302 - Son front large est couvert de cornes flétrissantes, Tout son corps est armé de phrases menaçantes. Indomptable Allemand, banquier impétueux, Son style se recourbe en replis tortueux ; Ses longs raisonnements font trembler le complice ; Sa main avec horreur va démasquer le vice.
Page 311 - N'est-ce pas moi, réponds, créature fragile, Qui soutins de mes sucs ton enfance débile? Le navet n'at-il pas, dans le pays latin , Longtemps composé seul ton modeste festin, Avant que dans Paris ta muse froide et mince Égayât les soupers du commis et du prince? Enfant...
Page 276 - C'est à mes pieds qu'il expira ; et tout ainsi que tu me vois, ainsi les vis-je tous trois tomber un à un, entre la cinquième et la sixième journée : si bien que, n'y voyant déjà plus, je me jetai moi-même, hurlant et rampant, sur ces corps inanimés ; les appelant deux jours après leur mort, et les rappelant encore, jusqu'à ce que la faim éteignît en moi ce qu'avait laissé la douleur.

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