Pages choisies des grands écrivains: Emerson

Front Cover
A. Colin, 1913 - 377 pages
 

Common terms and phrases

Popular passages

Page 13 - L'histoire est l'action et la réaction de ces deux forces — la Nature et la Pensée — deux enfants se poussant l'un l'autre au bord du trottoir. Tout est pousseur ou poussé; et ainsi la matière et l'esprit joutent et se font perpétuellement équilibre.
Page 11 - On peut affirmer d'avance qu'entre l'homme, l'époque et les événements, il existe le même rapport qu'entre les sexes, entre une race d'animaux et la nourriture qu'elle absorbe, ou les races inférieures dont elle se sert. L'homme s'imagine que son destin lui est étranger, parce que le lien est caché. Mais l'âme contient l'événement qui doit lui arriver, car l'événement n'est que l'extériorisation de ses pensées, et ce que nous nous demandons à nous-mêmes, nous l'obtenons toujours....
Page 270 - Car ce n'est pas le vers, mais l'idée poétique qui crée le vers, qui fait le poème — une pensée si passionnée et si vivante que, comme l'esprit d'une plante ou d'un animal, elle a son architecture propre et orne la nature d'un nouvel objet. Dans l'ordre du temps, la pensée et la forme sont égales; mais dans l'ordre de la genèse, la pensée est antérieure à la forme. Le poète a une pensée nouvelle; il a toute une expérience nouvelle à révéler; il nous dit ce qui lui est advenu,...
Page 329 - Une grande réputation , c'est un grand bruit ; plus on en fait , plus il s'étend au loin. Les lois , les institutions , les monwnens , les nations , tout cela tombe ; mais le bruit reste et retentit dans d'autres générations.
Page 126 - Ce n'est pas le rôle d'un être humain de recevoir des présents. Comment osez-vous en donner? Nous désirons pourvoir nous-mêmes à nos besoins. Nous ne pardonnons pas tout à fait à celui qui nous donne. La main qui nous nourrit court le risque d'être mordue. Nous pouvons tout recevoir de l'amour, car c'est en quelque sorte recevoir de nous-mêmes ; mais nous ne pouvons recevoir de quelqu'un qui prétend octroyer.
Page 370 - Nos maisons et nos villes sont comme le lichen et la mousse, légères et nouvelles ; mais la jeunesse est un défaut dont nous nous corrigerons tous les jours. Cette terre aussi est vieille comme le déluge, et ne manque d'aucuns des privilèges et des charmes que peut accorder la Nature. Ici les étoiles, les bois, les collines, les animaux, les hommes abondent, et les grandes tendances concourent à un ordre nouveau. Que les hommes s'attachent seulement à collaborer aux desseins de l'Esprit qui...
Page 167 - Quand un homme a de bonnes manières et du talent, il peut se vêtir grossièrement et d'une façon négligée. Ce n'est que quand l'esprit et le caractère sommeillent que les vêtements se voient. Si l'intelligence d'un homme et tous les sentiments nobles étaient constamment éveillés, il pourrait aller vêtu de toile ouvrée ou de paille tressée, et l'on admirerait et imiterait son costume.
Page 163 - Cependant, quand tout est fmi, un être dont l'esprit s'entend avec le nôtre, un frère ou une sœur par nature vient à nous si doucement et si simplement, si près et si intimement, comme si c'était le sang de nos propres veines, qu'il nous semble que quelqu'un est parti, et' non qu'un autre est venu ; nous sommes pleinement soulagés et rafraîchis.
Page 43 - L'aide que les autres nous apportent ressemble à celle que la mère donne à l'enfant — c'est une aide temporaire, une sorte de gestation, une courte période d'allaitement, une surveillance de nourrice ou de gouvernante; mais lorsqu'il arrive à une certaine maturité, tout cela prend fin et deviendrait dangereux et ridicule si on le prolongeait. Lentement le corps parvient à l'usage de ses organes ; lentement l'âme se développe dans l'homme nouveau.
Page 107 - Je hais cet Américanisme creux qui espère s'enrichir par le crédit, acquérir des informations par des coups sur les tables à minuit, apprendre les lois de l'esprit par la phrénologie, obtenir le savoir sans étude, la maîtrise sans apprentissage, la vente des marchandises en prétendant qu'elles se vendent, le pouvoir en faisant croire qu'on est puissant...

Bibliographic information