Physiologie de l'art

Front Cover
F. Alcan, 1892 - Art - 250 pages
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 138 - J'enlevais la toile et je passais à une autre personne. Lorsque je voulais continuer le premier portrait, je prenais l'homme dans mon esprit, je le mettais sur la chaise, où je l'apercevais aussi distinctement que s'il y eût été en réalité, et je puis même ajouter avec des formes et des couleurs plus arrêtées et plus vives. Je regardais de temps...
Page 81 - Ce que l'observation démêle au fond de l'être pensant en psychologie, ce sont, outre les sensations, des images de diverses sortes, primitives ou consécutives, douées de certaines tendances, et modifiées dans leur développement par le concours ou l'antagonisme d'autres images simul-tanées ou contiguës. De même que le corps vivant est un polypier de cellules mutuellement dépendantes, de même l'esprit agissant est un polypier d'images mu-tuellement dépendantes, et l'unité, dans l'un comme...
Page 73 - Dans l'hallucination proprement dite, il y a toujours terreur; vous sentez que votre personnalité vous échappe; on croit que l'on va mourir. Dans la vision poétique, au contraire, il ya joie ; c'est quelque chose qui entre en vous. Il n'en est pas moins vrai qu'on ne sait plus où l'on est. » Il ajoute plus loin: « Souvent cette vision se fait lentement, pièce à pièce, comme les diverses parties d'un décor que l'on pose ; » mais, souvent aussi, elle est subite, « fugace comme les hallucinations...
Page 82 - Lorsqu'il dure au delà d'un certain temps, la fatigue est trop forte, nous dormons; nos images ne sont plus réduites et conduites par les sensations antagonistes venues du monde extérieur , par la répression des souvenirs coordonnés, par l'empire des jugements bien liés; dès lors, elles acquièrent leur développement complet, se changent en hallucinations , s'ordonnent librement suivant des tendances nouvelles ; et le sommeil, si peuplé de rêves intenses, est un repos, parce que, supprimant...
Page 72 - N'assimilez pas la vision intérieure de l'artiste à celle de l'homme vraiment halluciné. Je connais parfaitement les deux états; il ya un abîme entre eux. Dans l'hallucination proprement dite, il ya toujours terreur; vous sentez que votre personnalité vous échappe; on croit que l'on va mourir. Dans la vision poétique, au contraire, il ya joie; c'est quelque chose qui entre en vous.
Page 81 - L'encéphale est comme un laboratoire plein de mouvement où mille travaux se font à la fois. La cérébration inconsciente n'étant pas soumise à la condition du temps, ne se faisant pour ainsi dire que dans l'espace, peut agir dans plusieurs endroits à la fois. La conscience est l'étroit guichet par où une toute petite partie de ce travail nous apparaît.
Page 63 - L'oubli, sauf dans certains cas, n'est donc pas une maladie de la mémoire, mais une condition de sa santé et de sa vie. Nous trouvons ici une analogie frappante avec les deux processus vitaux essentiels. Vivre, c'est acquérir et perdre : la vie est constituée par le travail qui désassimile autant que par celui qui fixe.
Page 137 - M. Baillarger, ayant préparé, pendant plusieurs jours et plusieurs heures chaque jour, des cerveaux avec de la gaze fine, « vit tout à coup la gaze couvrir à chaque instant les objets qui étaient devant lui... et cette hallucination se reproduisit pendant plusieurs jours.
Page 66 - Il est donc logique qu'elle se produise à une époque où la désorganisation est déjà si grande que la personnalité commence à tomber par morceaux. 4° Les acquisitions qui résistent en dernier lieu sont celles qui sont presque -entièrement organiques : la routine journalière, les habitudes contractées de longue date. Beaucoup peuvent encore se lever, s'habiller, prendre leurs repas régulièrement, se coucher, s'occuper à des travaux manuels, jouer aux cartes et à d'autres jeux, quelquefois...
Page 65 - II est d'observation si vulgaire que l'affaiblissement de la mémoire porte d'abord sur les faits récents, qu'on ne remarque pas combien cela est choquant pour le sens commun. Il serait naturel de croire à priori que les faits les plus récents, les plus voisins du présent sont les plus stables , les plus nets ; et c'est ce qui arrive à l'état normal. Mais, au début de la démence, il se produit une lésion anatomique grave : un commencement de dégénérescence des cellules nerveuses. Ces...

Bibliographic information