Du génie des religions

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Charpentier, 1842 - Religion - 507 pages
 

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Popular passages

Page 324 - Je suis tout ce qui est, tout ce qui a été, tout ce « qui sera ; aucun mortel n'a soulevé mon voile : le fruit
Page 69 - Mais le poëme qui ouvre avec le seizième siècle l'ère des temps modernes est celui qui, en scellant l'alliance de l'Orient et de l'Occident, célèbre l'âge, héroïque de l'industrie, poème non plus du pèlerin, mais du voyageur, surtout du commerçant, véritable Odyssée au milieu des factoreries, des comptoirs naissants des Grandes-Indes et du berceau du commerce moderne, de même que l'Odyssée d'Homère est un voyage à travers les berceaux des petites sociétés militaires et artistes...
Page 111 - Quel est, en effet, le but de l'art? Je réponds : La beauté; solution trop élémentaire, dites-vous, et surtout trop antique. Essayons cependant de nous y attacher; elle peut nous mener plus loin qu'il ne paraît. Car la beauté, où est-elle? Dans une fleur, reprenez-vous, dans un rayon de soleil, dans le sourire d'une créature mortelle. Oui, sans doute, elle est dans toutes ces choses. Mais qu'elle y est incomplète, puisqu'elle y est périssable! Au lieu de ces objets qui ne vivent qu'un jour,...
Page 88 - ... deux mondes. Voilà la grande affaire qui se passe aujourd'hui dans la philosophie. Le panthéisme de l'Orient, transformé par l'Allemagne, correspond à la renaissance orientale, de même que l'idéalisme de Platon, corrigé par Descartes, a couronné, au dix-septième siècle, la renaissance grecque et latine.
Page 112 - ... perfection, que rien ne peut ni outrepasser ni altérer, c'est-à-dire l'idée par laquelle vous vous représentez Dieu lui-même ? Oui, n'allons pas plus loin ; le Dieu-Esprit, voilà l'éternel modèle qui, sous une forme ou sous une autre, pose éternellement devant la pensée de tout artiste qui mérite ce nom. Ce qui revient à dire que l'art a pour but de représenter par des formes la beauté infinie, de saisir l'immuable dans l'éphémère, d'embrasser l'éternité dans le temps, de peindre...
Page 409 - Telchines, de Cabires phéniciens, qui polissent les métaux et réparent l'univers vieillissant ? Tant d'ouvriers infatigables, cachés dans l'intérieur de la terre, dans les plis des nuages, dans les grottes des mers, aux pieds de bouc, à l'œil de flamme, toujours courbés sur leur œuvre, sans joie, sans sourire, sans repos ; ces génies égyptiens à face d'oiseaux de proie, qui soutiennent sur...
Page 67 - Vous retrouvez tout ensemble les souvenirs de l'Europe et les tièdes senteurs de l'Asie, dans ce génie qui est l'accord de la renaissance grecque et de la renaissance orientale. En même temps que vous entendez encore le murmure des rivages européens, l'écho du monde grec, romain, chrétien, vous entendez aussi retentir à l'extrémité opposée ce grand cri de : Terre ! qui fit tressaillir le quinzième siècle au moment des découvertes des Indes et des Amériques; vous sentez à chaque vers...
Page 112 - Au lieu de ces objets qui ne vivent qu'un jour, au lieu de cette lueur qui n'a qu'une splendeur empruntée, que serait-ce, si l'on rencontrait quelque part la fleur qui ne se fane jamais, le parfum qui ne se dissipe jamais, le sourire qui jamais ne se convertit en pleurs? Alors seulement, ne le pensez-vous pas? nous toucherions à la beauté, principe et fin de toutes les autres. Or, cette beauté, qui se communique sans s'épuiser, cette splendeur souveraine, sans lever et sans coucher, sans jeunesse...
Page 122 - Tous, sans se connaître, ont exprimé, par des moyens différents, une même idée. Le premier art, celui qui soutient tous les autres, est l'architecture. Quel en est le caractère? Cette vaste nef, avec ses deux chapelles latérales en forme de croix, et qui figure le corps du Christ dans le sépulcre, ce mystère, ces demi-ténèbres, cette tour principale, qui, image du pouvoir spirituel, monte dans la nue, n'est-ce pas là l'édifice, non de la chair, mais de l'esprit? Approchons. L'architecte...
Page 6 - Génie des religions, nous n'irons pas, infatués de la supériorité moderne, nous railler de la misère des dieux abandonnés; au contraire, nous demanderons aux vides sanctuaires s'ils n'ont pas renfermé un écho de la parole de vie; nous chercherons dans cette poussière divine s'il ne reste pas quelques débris de vérité...

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