Œuvres complètes de François Coppée: Le reliquaire. Poèmes divers. Intimités. Poèmes modernes. La grève des forgerons. Les humbles. Écrit pendant le siège. Plus de sang! Promenades et intérieurs. t. 2. Le cahier rouge. Olivier. Les récits et les élégies: Récits épiques. L'exilée. Les mois. Jeunes filles

Front Cover
L. Hébert, 1885
 

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page 248 - Ceux-là seuls ont raison qui, dans ce monde-ci, Calmes et dédaigneux du hasard, ont choisi Les douces voluptés que l'habitude engendre. — Chaque dimanche, ils ont leur fille avec leur gendre; Le jardinet s'emplit du rire des enfants, Et, bien que les après-midi soient étouffants, L'on puise et l'on arrose, et la journée est courte. Puis, quand le pâtissier survient avec la tourte, On s'attable au jardin, déjà moins échauffe, Et la lune se lève au moment du café.
Page 248 - Sous le bosquet, sa femme est à l'ombre et tricote ; Auprès d'elle, le chat joue avec la pelote. La treille est faite avec des cercles de tonneaux, Et sur le sable fin sautillent les moineaux. Par la porte, on peut voir, dans la maison commode, Un vieux salon meublé selon l'ancienne mode, Même quelques détails vaguement aperçus : Une pendule avec Napoléon dessus Et des têtes de sphinx à tous les bras de chaise. Mais ne souriez pas, car on doit être à l'aise, Heureux du jour présent et...
Page 248 - Je n'ai jamais compris l'ambition. Je pense Que l'homme simple trouve en lui sa récompense, Et le modeste sort dont je suis envieux, Si je travaille bien et si je deviens vieux, Sans que mon cœur de luxe ou de gloire s'affame, C'est celui d'un vieil homme avec sa vieille femme, Aujourd'hui bons rentiers, hier petits marchands, Retirés tout au bout du faubourg, près des champs. Oui, cette vie intime est digne du poète. Voyez : le toit pointu porte une girouette, Les roses sentent bon dans leurs...
Page 112 - Au loin, dans la lueur blême du crépuscule, L'amphithéâtre noir des collines recule, Et, tout au fond du val profond et solennel, Paris pousse à mes pieds son soupir éternel. Le sombre azur du ciel s'épaissit. Je commence A distinguer des bruits dans ce murmure immense, Et je puis, écoutant, rêveur et plein d'émoi, Le vent du soir froissant les herbes près de moi, Et, parmi le chaos des ombres débordantes, Le sifflet douloureux des machines stridentes. Ou l'aboiement d'un chien, ou le...
Page 248 - L'on puise et l'on arrose, et la journée est courte. Puis, quand le pâtissier survient avec la tourte, On s'attable au jardin, déjà moins échauffé, Et la lune se lève au moment du café. Quand le petit garçon s'endort, on le secoue, Et tous s'en vont alors, baisés sur chaque joue, Monter dans l'omnibus voisin, contents et las, Et chargés de bouquets énormes de lilas. — Merci bien, bonnes gens, merci bien, maisonnette. Pour m'avoir, l'autre jour, donné ce rêve honnête, *> Qu'en m'éloignant...
Page 61 - L'or a frémi. L'étincelle s'attache aux perles parsemées, Et midi darde moins de flèches enflammées Sur le dos somptueux d'un reptile endormi. Cette splendeur rayonne et fait pâlir des bagues...
Page 320 - Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois A la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois. Pendant les tristes jours de l'hiver monotone, Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne, Se balancent au vent sur le ciel gris de fer. Oh! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver! Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes, Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes Dans le gazon d'avril, où nous irons courir. Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir?
Page 120 - Elle nous proposa ses fleurs d'une voix douce, En souriant avec ce sourire qui tousse, Et c'était monstrueux, cette enfant de sept ans Qui mourait de l'hiver en offrant le printemps. Ses pauvres petits doigts étaient pleins d'engelures. Moi, je sentais le fin parfum de tes fourrures, Je voyais ton cou rose et blanc sous la fanchon, Et je touchais ta main chaude dans ton manchon.
Page 319 - J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine. Devant la vaste mer, devant les pics neigeux, Je rêve d'un faubourg plein d'enfance et de jeux...
Page 200 - Les cierges étoilaient de points d'or toute l'ombre; L'encens y répandait son parfum de langueur; Et, tout au fond, tourné vers l'autel, dans le chœur, Comme s'il n'avait pas entendu la bataille, Un prêtre en cheveux blancs et de très haute taille Terminait son office avec tranquillité. Ce mauvais souvenir si présent m'est resté Qu'en vous le racontant je crois tout revoir presque: Le vieux couvent avec sa façade moresque, Les grands cadavres bruns des...

Bibliographic information