Païenne

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Plon-Nourrit et cie, 1883 - 237 pages
 

Common terms and phrases

Popular passages

Page 20 - Ma personne extérieure et mon être intime grandissaient dans des exercices communs. Nul ne me poussait à une croissance hâtive et je me développais sûrement. Ma jeunesse, je la vivais en moi, par moi, sans être tenue de la vivre dans la jeunesse de cent races, dans les erreurs, les caducités de cent sociétés mortes de vieillesse. Mes idées étaient simples. Elles gravitaient •" sans effort dans les voies supérieures où l'on rencontre les dieux. Je ne voyais pas seulement avec les yeux,...
Page 21 - Je me grisai en respirant la flamme de l'astre immortel, j'en recherchais les embrassements; je crus trouver un être semblable à moi, plus brûlant, que je coiffais de rayons, que je personnifiais, dont je partageais les habitudes, me levant, me couchant à ses heures, amoureuse de sa face étincelante, désespérée de ses disparitions comme de l'absence d'un être adoré.
Page 21 - Les grandes formes des montagnes, je les animalisais, je leur trouvais des figures mystérieuses. Quand je courais à leur pied, je m'imaginais les entraîner avec moi dans des courses vertigineuses, au galop de mon cheval. Les arbres m'accompagnaient en longue file ou par troupe ; je me sentais emportée par le mouvement de toute la terre sous le regard de toutes les étoiles ! Ah ! les belles chevauchées que celles faites avec la nature entière ! etc.
Page 15 - II ne faut savoir que ce que l'on voit, sentir que ce que l'on ressent, répétail mon père; au moins, avec cela, on n'a pas d'exaltation religieuse. Les livres entretiennent l'erreur dans les esprits; comme l'eau prise à sa source est plus pure, l'idée prise sur le fait est plus claire. » Les seules leçons que reçut mon enfance furent celles qui devaient me garantir de toute notion religieuse, mon père s'imaginant que les croyances ne viennent qu'à ceux à qui elles sont enseignées. Cela...
Page 21 - Le soleil fut ma première passion, mon premier culte. Les grandes formes des montagnes, je les animalisais, je leur trouvais des figures mystérieuses. Quand je courais à leur pied, je m'imaginais les entraîner avec moi dans des courses vertigineuses, au galop de mon cheval. Les arbres m'accompagnaient en longue file ou par troupe, je me sentais emportée par le mouvement de toute la terre sous le regard de toutes les étoiles. Ah! les belles...
Page 32 - ... enlever, n'imaginant pas que je pusse un jour y lire, c'est l'Iliade et l'Odyssée. Mon premier culte avait été le Soleil. Je découvris Phébus parmi les dieux homériques, et il m'initia au culte des autres dieux. Toute forme définie du divin ' devait me trouver prête à l'adorer, mais surtout celle vers qui mon être, développé en pleine nature, s'élançait plus librement. J'invoque les dieux païens sans exaltation, je les adore sans sacrifier en moi ce que je crois avoir reçu d'eux....
Page 199 - Pascal, p. 171 sqq. couleurs, la fantasmagorie du lac de Garde au soleil couchant '; un Grec sur une montagne n'eût pas noté ni peut-être éprouvé une impression de ce genre : Des cimes plus hautes se dressent... On se trouve tout à coup seul dans des espaces où l'œil n'a plus qu'une vision éclatante et rayonnante, où l'intelligence distendue devient vague et n'a que des perceptions de largeur, de lumière, de cercle immense 3.
Page 27 - Mens agitât molem. Les flancs ravagés du Luberon étalent des entrailles d'or. Les hauteurs de ses collines prennent les aspects 1. Païenne, p. 15. 2. Païenne, p. 20. rugueux de la peau des mastodontes. L'un des sommets a la forme d'un monstre. Il semble nager sur les vagues de la terre...
Page 32 - ... découvris Phébus parmi les dieux homériques, et il m'initia au culte des autres dieux. Toute forme définie du divin ' devait me trouver prête à l'adorer, mais surtout celle vers qui mon être, développé en pleine nature, s'élançait plus librement. J'invoque les dieux païens sans exaltation, je les adore sans sacrifier en moi ce que je crois avoir reçu d'eux. Ils m'assistent et m'apparaissent sans miracle. Plus je les conçois parfaits, plus ils se font parfaits pour moi. Le divin,...
Page 17 - I les connaissances amassées par les , hommes; sans guide, sans direction, je cherchai. Tout enfant, de si loin que je me souvienne, je quittais ma chambre lorsque ma gouvernante reposait, je descendais au jardin et je regardais sous les étoiles, sous la lune, ce qui se passait durant la nuit.

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