que de Co

conféquences. Mais ce n'eft pas la vôtre methode. Vous aimez mieux fuivre l'ardeur d'un zéle aveugle qui vous fait pourfuivre un phantôme de parti dont vous n'êtes informé que par le canal des Jefuites. Il y a plus de foixante ans qu'ils déclament contre ce prétendu parti, & vous voulez bien être leur écho. Le décri où, malgré leur énorme crédit, ils font tombez dans l'efprit de toutes les perfonnes intelligentes & defintereffées, par leurs excès effroiables contre le Culte de Dieu, contre la Morale Chrétienne, contre les verités les plus effentielles de la religion; ce décri leur a fait croire que ces vaines déclamations font devenues inutiles dans leur bouche. Et en effet ils fe font décriés eux mêmes par tant de fauffetés, comme le leur reproche M. PEun très pieux Evêque qui les connoît bien non dans le qu'il ne paroît pas qu'ils puiffent deformais faire 9. Mem. tort à la réputation de perfonne dans l'efprit des fur la Chine gens fages; & ce feroit une vraie mifere que de paffer une grande partie de la vie à réfuter leurs impoftures. Cependant, ils fe font flattés que ces impoftures paroitroient toutes nouvelles dans la plume des Evêques & qu'elles y réprendoient une nouvelle force: comme fi le poifon en paffant par un canal facré pouvoit changer de nature. Ils ont donc cherché des Evêques qui vouluffent bien leur préter leur miniftere. A la honte de notre fiécle ils en ont trouvé, & pour vôtre malheur, M. ils ont jetté les yeux fur vous, & vous y ont engagé par l'autorité qu'ils ont cru avoir acquife furvôtre perfonne en vous protegeant à Rome par leurs créatures dans votre grande affaire, en même tems qu'ils faifoient femblant de vous abandonner

en

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en France, où la Cour ne vous étoit pas fa vorable. Certes, M. c'eft un emploi bien vil pour des bouches confacrées à la verité, que de fervir à un tel deffein. Mais de quelque autorité qu'on y travaille & par quelques bouches que paffent la fauffeté & la calomnie, elles demeurent toujours calomnie & fauffeté, quand elles font avancées fans preuve, & plus encore fi c'est même contre l'évidence des preuves les plus convaincantes & les plus claires, qu'on a données du contraire en toute occafion durant foixante & dix ans.

Quelque refpect qu'on ait donc pour la dignité facrée de l'Epifcopat, fachant très certainement qu'il n'y a pas même l'ombre de parti ou de caballe parmi ceux que les Jéfuites en accufent depuis tant d'années, quand des Evêques avanceront une fauffeté fi injurieuse à la réputation de tous ceux dont on compofe ce prétendu parti, on ne pourra pas s'empêcher de dire que c'est une noire & folle calomnie. Et quand cette calomnie feroit foutenue par les clameurs de cent milles bouches de perfonnes, ou ignorantes, ou malignes, ou prévenues, ou liées d'interêt avec les auteurs de cette calomnie, ou convaincues de favorifer, de permettre & d'emploier fans fcrupule les calomnies, quand elles leur paroiffent utiles à leurs interêts ou à leurs deffeins; toutes ces bouches, toutes ces clameurs font comptées pour rien fans des preuves claires & convainquantes. Tout ce que vous pouvez alléguer, c'eft un bruit public & confus qui court dans le monde; & un bruit de cette nature eft l'incertitude & le doute mê

me,

Tertull.

5. Decret.

me, & ne peut être le fondement d'une croiance certaine: Fama nomen incerti, locum non habet ubi certum eft: Car quelle certitu- Apolog. 6. de ne faut-il pas, pour alarmer l'Eglife & 7. pour infpirer aux fidéles la défiance & l'horreur contre leurs frères. De plus quand cés bruits diffamans viennent de perfonnes ou malaffectionnées ou médifantes, tels que font les Jéfuites auteurs de cette diffamation, vous favez, Monfeigneur, que le grand Concile de Latran fous Innocent III. C. Qualiter & celui de Trente après lui, veulent qu'on n'y ait aucun égard. Que fi un Prélat de réputa- Tit. 1.c.17. tion, dont le témoignage peut avoir beaucoup de poids fur les efprits, contribue à confirmer ces faux bruits par la croiance qu'il témoigne y donner, il fe rend beaucoup plus coupable que ne feroit un particulier, qui par un jugement extérieur, appuié d'un fimple foupçon, condamneroit fon prochain. Ce feroit néanmoins dans ce particulier un peché mortel d'injustice. C'eft S. Thomas qui le dit clairement: Judicium ex fufpicione proce- S.Thom.2. dens ad alicujus condemnationem, illicitum & 2. qu. 60; peccatum mortale eft.

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S. Bafile, décrié comme fufpect de Sabellianifme, dit que les auteurs de cette calomnieufe diffamation, trompés par une fauffe croiance, n'étoient pas excufables de s'être fi tôt laiffé aller à le déchirer par des calomnies, avant que d'avoir DES PREU"VES MANIFESTES de ce qu'ils avançoient. Ce qui montre, dit-il, clairement qu'ils ,, ne font point conduits par le S. Efprit; puifqu'ils fe repaiffent eux mêmes de faux foupçons. Il faut avoir pris beaucoup de

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» foin;

A. 3.

,, foin; il faut avoir veillé beaucoup de nuits, » & avoir répandu beaucoup de larmes, pour obtenir en ces occafions la connoiffance de », la verité des chofes, avant que de se divifer de l'union avec les freres.

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Voilà le fentiment des Saints: & fi vous voulez, M. vous y conformer & faire voir que vous avez été conduit par le S. Efprit durant ces fix ou fept derniéres années, que vous n'avez ceffé de déclamer contre un parti ou vous ne faites pas difficulté de mettre les plus faints Evêques de l'Eglife & qui font la gloire de celle de France, confiderez devant Dieu fi vous avez eu, pour le croire, pour le publier, pour en donner de l'horreur, des preuves manifeftes. Confiderez encore, fi pour difcerner des preuves vraiment manifestes d'avec celles qui n'en ont que la fauffe apparence, vous avez prié, vous avez veillé, vous avez répandu des larmes, avant que de répandre tant de fiel dans vos écrits, & des couleurs fi noires fur la réputation de vos frères. Que si vous avez trouvé de ces preuves évidentes, vous les pouvez produire, vous le devez, & j'ai droit de vous fommer de les étaller aux rayons du foleil. Car que les devots & les devotes des Jéfuites crient au parti & à la caballe, on peut les laiffer crier; ils ne font pas capables d'entendre raison: mais quand des Evêques, qui devroient leur imposer filence, fe joignent à eux, foutiennent leurs voix, autorifent leurs calomnies, les publient dans des Ecrits qu'on regarde comme des oracles de la verité, le public a droit de leur demander des preuves, & ceux qui y font particuliérement intereffés, fi on ne leur fait pas juftice, peu

vent, pour leur fermer la bouche & pour repouffer la calomnie, prendre les mefures legitimes qu'ils jugent propres à mettre à couvert leur innocence.

Vous nous parlez fans ceffe de parti; mais vous nous auriez fort obligés de nous donner une jufte idée de ce que vous appellez parti. Il me femble qu'en matiére de religion, un parti eft une multitude de perfonnes qui unies enfemble par quelques liens particuliers confpirent à foutenir quelque dogme capital, contraire ou à la doctrine de la foi, ou aux principes de la Morale Chrétienne, ou à l'unité inviolable de l'Eglife, ou à l'autorité hiérarchique de fes Pafteurs. Or on a cent & cent fois défié les Moliniftes de marquer aucun dogme contraire à ceux qui font définis ou reçus univerfellement par toute l'Eglife, qui ait été foutenu par ceux que vous attaquez fi cruellement fous le nom de parti: & l'on eft bien affuré que ni vous, M. ni les Jéfuites n'en fauriez marquer aucun. Il ne me feroit pas fi difficile de trouver un grand nombre de partis dans le grand parti de la Société.

Y en eut il jamais un plus formidable & plus funefte à la Religion que celui des Jéfuites de la Chine, autorifés par les Supérieurs & par tout le Corps, & ligués d'une maniére fcandaleufe & fchifmatique pour corrompre la pureté du culte de Dieu par le mélange des ceremonies idolatriques? Vous ne m'en demanderez pas des preuves, elles font trop publiques, & dans le vafte Empire de la Chine, & dans celui du Mogol, & dans les Ifles de l'Archipel, & peut être en beaucoup d'autres lieux. Toute l'Europe retentit actuel

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