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médecin français, avait remarqué que la calcination est le résultat de la fixation d'une partie de l'air atmosphérique dans les métaux; qu'en 1650 Boyle montra que cette calcination diminue le volume de l'air et le rend insalubre; qu'en 1674 Mayow montra l'analogie de ce même phénomène avec la respiration animale. Or, dès ce temps, avec ces seules vérités, on aurait pu créer le système de chimie qui n'a vu le jour qu'à la fin du XVIIIe siècle. Mais les chimistes, dans le xvIIe siècle, n'étaient pas physiciens; ce n'étaient que des pharmaciens, des praticiens. Les physiciens, d'un autre côté, étaient peu chimistes. Le système de Stahl ou du phlogistique l'emporta parmi les chimistes: tout fut englobé dans ce système.

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Cependant, en 1727, dans sa Statique des végétaux, Hales parla de l'air fixe qui se dégage des corps organisés. En 1753, Venel s'occupa de la nature des eaux minérales. En 1756, Black montra que l'air fixe existe dans les alcalis. L'année suivante, il découvrit la chaleur latente qui maintient les liquides à l'état fluide, et les gaz à l'état élastique. En 1764, Mac Bride appela l'attention sur l'air fixe qui se manifeste lors de la putréfaction. En 1766, Cavendish détermina les caractères particuliers de l'air fixe et de l'air inflammable. Priestley, en 1772, découvrit la nature de l'air phlogistiqué et de l'air nitreux, et il arriva ainsi, au moyen de l'eudiomètre, à mesurer la salubrité de l'air. En 1773, Lavoisier remarqua qu'il se produisait de l'air fixe dans la combustion, dans la calcination; mais ses idées, à cet égard, n'étaient pas encore éclaircies. En 1774, Bayen remarqua qu'on pouvait désoxider les oxides de mercure, les réduire à l'état métallique dans des vais

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seaux clos, sans addition de charbon. La même année Priestley recueillit l'air qui sort de la chaux ou oxide de mercure lorsqu'on la réduit à la manière de Bayen, et reconnut que c'était la partie respirable de l'air. En 1775, Lavoisier établit que c'est la combinaison de cette portion respirable de l'atmosphère qui produit la combustion, la calcination, et que c'est aussi elle qui engendre les acides. En 1777, il étendit cette découverte à la respiration des animaux. Dans la même année, il montra que le calorique latent est la cause de l'expansibilité des gaz, et qu'en perdant ce calorique pour se solidifier, ils produisent cette grande chaleur qui est un des phénomènes particuliers de la combustion. En 1778, il montra que l'on peut former tous les acides végétaux en désoxigénant le nitre. En 1779, Crawford établit que la combustion qui a lieu par la respiration est la cause de la chaleur animale. Le calorimètre avait déjà été inventé par Wilkes en 1781. Il fut perfectionné, en 1783, par Lavoisier et de Laplace. Il en résulta un moyen de constater encore mieux la nature du phénomène de la respiration, Cavendish avait découvert auparavant la composition de l'eau. Lavoisier, de Laplace et Meusnier refirent ses expériences et arrivèrent au dernier degré de certitude. En 1785, Cavendish découvrit la composition de l'acide nitreux. La même année, Berthollet découvrit la composition de l'alcali volatil, et on eut ainsi une explication complète de toutes les combustions et de la formation de quelques substances animales.

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En 1787 parut la nouvelle nomenclature adaptée au nouveau système chimique.

Enfin, en 1789, Lavoisier présenta pour la première fois aux yeux de l'Europe étonnée, dans son Traité élémentaire de chimie, l'un des plus beaux livres de ce temps, le système entier de la nouvelle chimie, c'est-àdire l'exposition systématique de toutes les grandes découvertes qui avaient commencé en 1630, et qui, de 1770 à 1785 surtout, s'étaient tellement augmentées que ces quinze dernières années sont assurément les plus fécondes en découvertes scientifiques que nous présente aucun siècle.

Telle est l'histoire rapide des grandes découvertes chimiques qui caractérisent et immortaliseront la seconde moitié du xvme siècle.

De Fourcroy, qui avait concouru à la création de la nouvelle nomenclature chimique, est un de ceux qui ont le plus contribué à répandre par ses leçons et cette nomenclature et la nouvelle théorie. Il n'est presque personne, parmi les hommes mûrs, qui ne se souvienne d'avoir assisté aux cours de M. de Fourcroy; chacun se rappelle avec quelle chaleur, quel éclat, quelle clarté, ily exposait la doctrine de Lavoisier. Il n'est pas douteux que ces cours, qui ont continué pendant plus de vingtcinq ans, n'aient eu le plus puissant effet, non seulement pour répandre la nouvelle doctrine, mais aussi pour propager la science de la chimie elle-même, qui jusque là avait été le partage d'un assez petit nombre de savants. On peut dire que les brillantes leçons de Fourcroy, jointes à la simplicité de la doctrine et à la facilité de la nomenclature, rendirent de son temps la chimie presque populaire.

De Fourcroy était né à Paris, en 1755, d'un pharma

cien qui, par suite d'un arrangement demandé par la corporation des apothicaires, avait perdu son état. Il était né, à vrai dire, dans une très grande pauvreté. Vicq d'Azyr le protégea, mais cette protection même lui attira la persécution de la Faculté de médecine, qui, ainsi que je l'ai rapporté dans le volume précédent, s'était mise en opposition directe avec Vicq d'Azyr, à l'occasion de la création de la société qui est devenue l'Académie de médecine. Cependant il parvint, grâce à l'amitié du professeur Bucquet, à faire des cours particuliers, et en 1784, Buffon le nomma professeur de chimie au Jardin du Roi, en remplacement de Macquer. C'est à partir de ce temps jusqu'à sa mort, survenue en 1809, par conséquent à un âge où il n'était pas probable qu'il mourût, puisqu'il n'avait encore que cinquante-quatre ans, c'est à partir de ce temps jusqu'en 1809, qu'il ne cessa de faire des leçons, soit au Jardin des Plantes, soit à la Faculté de médecine, où il avait été nommé professeur lors de son rétablissement en 1795.

Il a publié des Mémoires pour ainsi dire infinis ; mais dans presque tous il traite des questions particulières. Ses ouvrages généraux, ses leçons de chimie, sont le résumé de toutes les découvertes qui avaient été faites dans la dernière moitié du xvIIIe siècle.

Bien que la nouvelle théorie fût alors parvenue à un développement à peu près complet, cependant elle n'était pas encore incontestée. Elle avait plusieurs antagonistes, entre autres Kirwan et Deluc. Kirwan fut si complétement réfuté par Lavoisier, de Morveau, Delaplace, Monge, Berthollet et de Fourcroy, qu'il s'avoua vaincu

et passa solennellement sous le drapeau de ses anciens adversaires. Mais Deluc resta, ainsi que Priestley, antagoniste décidé de la nouvelle théorie. Ce n'est pas qu'ils défendissent l'ancienne théorie du phlogistique, mais c'est la nouvelle doctrine ne leur paraissait pas expliquer tous les phénomènes connus. En effet, nous verrons que plusieurs dépendent de lois plus générales que celles indiquées par Lavoisier.

que

ANTAGONISTES DE LAVOISIER.

Kirwan (Richard) était Irlandais. Il fut d'abord avocat. Il s'établit ensuite à Londres vers l'an 1769, et lut aux séances de la Société royale, dont il devint membre, quelques Mémoires qui lui méritèrent, en 1781, la médaille de Copley. En 1789 il retouria à Dublin, où il devint président de la Société royale d'Irlande. Il écrit à la fois sur la minéralogie, la géologie, la chimie et la physique. Il est mort en 1812.

Son principal ouvrage de chimie est intitulé: Essai sur le phlogistique et la constitution des acides. Cet ouvrage a été traduit en français par madame Lavoisier. Selon Kirwan, l'air inflammable est le vrai phlogistique. Il admet cependant que la combustion n'est que son union avec l'air vital. Je ne développerai pas autrement sa théorie, puisque sur la fin de sa vie il l'abandonna lui

même.

Le plus opiniâtre adversaire de la théorie de Lavoi sier, Jean-André Deluc, quiest célèbre co lèbre comme géologue,

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