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privatorum modò, sed etiam magistratuum sumptibus audistis, diversisque duobus vitiis, avaritia et luxuria, civitatem laborare, quæ pestes omnia magna imperia everterunt (lex opp., in Tit. Liv., lib. 34.

Auguste chercha par des lois sages, mais qui n'allaient point à la racine du mal, à opposer quelque digue à ce torrent dévastateur. Hinc conversus ad pacem, pronum in omnia mala, et in luxuriam fluens sæculum gravibus severisque legibus multis coercuit (Annæi, Flori. hist., lib. 4). L'histoire prouve que les remèdes qu'il employa eurent peu d'effet. Ceux que Salluste conseillait à Cesar étaient bien plus appropriés (epist. ad Cæsar).

Dans l'espace de cinquante-sept ans, c'est-à-dire, depuis l'an 565 jusqu'en 622, les mœurs subirent la plus funeste révolution, parce qu'on prit goût à toutes les choses qui les corrompent. Et jam in Græciam Asiamque transcendimus omnibus libidinum illecebris repletas, et regias etiam attrectamus Gazas ; eò plus horreo ne illæ magis res nos ce

perint, quàm nos illas. Infesta, mihi credite, signa ab Syracusis illata sunt huic urbi. Jam nimis multos audio Corinthi et Athenarum ornamenta laudantes mirantesque, antè fixa fictilia deorum Romanorum ridentes (Cat. in Tit. Liv., loc. cit.). Nulla erat luxuria (avant la loi Oppia), quæ coerceretur. Itaque minimè mirum est, nec oppiam, nec aliam ullam tùm legem desideratam esse quæ modum sumptibus mulierum faceret, quum aurum et purpuram data et oblata ultrò non accipiebant (ibid.). Consultez aussi Plutarq. (vies de Sylla et de Marcellus).

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Il n'y a point d'ouvrage où l'on trouve des renseignemens plus exacts plus positifs, plus lumineux sur les progrès du luxe, de la mollesse et de la corruption des mœurs romaines, que celui de Pline l'ancien. On y peut suivre pas à pas les innovations pernicieuses à mesure qu'elles se répandaient, et calculer les progrès de l'opulence publique et particulière. Les livres où il traite de l'agriculture, des pierreries, des

statues d'airain, des animaux aquatiques, de l'homme, et sur-tout celui des métaux, renferment des documens du plus grand intérêt, et qui mettent au grand jour la dégénération des Romains.

Les légions romaines partagèrent plus ou moins, selon les temps et les circonstances, la dépravation dont je parle. Sylla, pour s'attacher l'armée, laissa le premier relâcher l'ancienne discipline; et, pour la première fois, les troupes donnèrent l'exemple d'une vie passée dans le luxe, les plaisirs et l'oisiveté: ibi primùm insuevit exercitus populi romani amare potare, etc. Sall., Catil. J. Sous Néron la discipline militaire s'était relâchée dans l'armée de Syrie, au point qu'on y voyait des vétérans qui n'avaient jamais, ni veillé ni monté la garde, et qui ne connaissaient pas plus les palissades que tranchemens. Les soldats, occupés de parure et de moyens de fortune, faisaient le service dans les villes sans casque et sans cuirasse : quippè Syria transmotæ legiones, pace longá, segnes, munia Romanorum ægerrimè tolerabant.

les re

Satis constitit fuisse in eo exercitu veteranos qui non stationem, non vigilias inissent; vallum fossamque quasi nova et mira viserent; sine galeis, sine loricis nitidi et quæstuosi militia per oppida expleta (Tacit., Annal., lib. 13, cap. 35). Trajan, dit Pline · le jeune, rétablit la discipline militaire, presqu'entièrement détruite par la corruption du dernier siècle, par la mollesse des chefs et par l'insolence du soldat Panegy. Traj.). Il faut lire cet endroit du panégyrique, pour se faire idée de la dégénération des mœurs et de la discipline dans les légions romaines.

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Tels sont, dit Sénèque, les progrès de la dépravation, que ce qu'on appelait l'attirail des femmes fait partie du bagage de l'homme, et même du militaire. prix dont une femme achète un miroir excède la dot que la république accordait anciennement aux filles de ses généraux indigens. Posteà rerum jam potiente luxuria, specula totis paria corporibus auro argentoque cœlata sunt, denique gemmis adornata, et pluris unum ex his feminæ constitit quam antiquarum

dos fuit illa quæ publicè dabatur imperatorum pauperum filiabus... Adeòque omnia indiscreta sunt perversissimis artibus, ut quidquid mundus muliebris vocabatur, sarcina viriles sint, minùs dico etiam militares (Senec., nat. quæst, lib. 1, cap. 17). C'est cette circonstance, inouie chez les Romains qui a dicté ces vers à Juvenal :

Res memoranda novis annalibus, atque recenti
Historia, speculum civilis sarcina belli.

( Sat. 2).

Les richesses attirant l'estime et la considération, on vit l'amour du luxe et de la puissance, l'avarice, l'orgueil, la prodigalité, faire des ravages corrupteurs. La vertu n'eut plus d'attraits; l'honneur, l'amitié, la pudeur perdirent leur crédit; la pauvreté devint ignominieuse, et elle fut flétrie dans l'opinion publique. Il faut lire les historiens, et particulièrement Pline l'ancien et Sénèque, pour se faire idée de l'opulence des particuliers, de leurs jouissances extravagantes et monstrueuses, des infâmes débauches dans lesquelles on se vautrait. Salluste en

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