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tre font de

ture.

ble d'auec

celuy qui

Fame le croit. C'eft le corps que ie voy,fur lequel ray ietté & mes yeux & mon entendement. le dis encores, Caton fe pourmene : ce n'eft pas le corps dont ie parle, mais c'eft quel que chofe qui declare que c'elt le corps, que les vns appellent prononcé,les autres fignifié,les autres denoncé, Ainfi quand nous difons,fagelle,nous entendons quelque chofe incorporelle:quand nous difons, Il eft fage,nous parlons d'vn corps.Certainement il y a grande difference fi nous parlós de luy, ou de chofe qui luy appartienne.Prenons le cas maintenant que ce foient deux chofes diuerfes. Car ie n'en veux point encor dire mon aduis. Qu'est ce qui empefche que ce ne foit vne autre chofe,& neantmoins qu'elle ne foit bonne Tu ditois nagueres, qu'vn champ eftoit vne chofe, & auoir vn champ eftoit vne autre chole: qui em L'vn & l'anpefche que cela ne foit: Car celuy qui poflede,eft d'vne nature, & ce qui elt polledé,d'vne autre:l'vn eft vne terre, & l'autre eft vn homme. Mais pour le regard des mefme nachofes que nous traictons,elies font toutes deux d'vne metine nature, & celuy qui pollede la fagelle,& la fagelle qui eft poffedee. D'auantage en ce cas-là, ce qui et poffedé eft vne chofe, & celuy qui poffede en eft vne autre. Mais en ceftay-cy, ce qui eft poffedé, & celuy qui poffede, font tous en vn. La poffeffion d'vn champ La fagette eft par le droict qu'on y a,& celle de la fagelle vient de nature. Le champ peut eftre eft infeparavendu & baillé à vn autre, mais la fageffe n'abandonne point fon mailtre. Tu ne dois donc faire comparaifon des deux chofes diflemblables. l'auois commencé à la poffède. dire que ce pouuoient eftre deux chofes, & toutesfois que l'vne & l'autre fuft bonne: En outre que la fageffe & le fage eftoient deux, & tu confelles bien que l'vn & l'autre foient bons. Or tout ainfi que rien n'empefche que la fageffe ne foit bonne, & que celuy qui l'a ne foit bon auffi: pareillement rien n'empefche que la fagefle ne foit bonne : & auoir la fageffe, c'est à dire eftre fage, ne foit bon auffi. Ie defire la fageffe feulement,afin que ie fois fage. Car que feroit-ce donc: Vne chofe n'eft pas bonne,fans ce qui la fait trouuer bonne. Vous tenez pour certain que fi on donnoit la fageffe fans vfage, il ne la faudroit point receuoir. Mais quel eft I'vfage de la fageffe: C'eft eftre fage. C'eft ce qui eft de plus precieux en elle:: car cela ofté, elle feroit inutile. Si la gehenne eft mauuaife, il eft mauuais d'eftre gehenné:: voire tellemét,qu'elle ne feroit pas mauuaife fi tu en oftois ce qui la fuit.Sagelle eft. leftat d'vne ame parfaicte: mais eftre fage c'eft l'vlage de l'ame parfaicte. Comment fe pourroit-il faire, que l'vfage de la fagelle ne fuft bon, veu que fans I'vfage elle ne feroit pas bonne le te demande,fi on doit defirer la fageffe. Tu l'accordes.le te demande encor, fi l'vfage de la fagelle eft defirable. Tu l'accordes aufli, puis que tu dis que tu ne la voudrois pas receuoir,fi l'vfage t'en eftoit defendu. Ce qui eft defirable eft bon. Eftre lage c'eft auoir l'vfage de fagefle, comme le parler eft l'vfage de l'eloquence, & le voir eft celuy des yeux. Il s'enfuit donc qu'eftre fage,c'eft l'vfage de fageffe. Or l'vfage de fagelle eft defirable:il faut donc defirer d'eftre fage : & s'il eft defirable, il eft bon par confequence. Mais il y a long-temps que ie me condamne moy-mesme,de ce qu'en les reprenant ie les imite, & que ie defpens trop de paroles en des choles trop claires. Car qui peut faire doute, que fi le chaud eft ploye:il faut mauuais,qu'il ne foit mauuais d'auoir chaud? Que fi le froid eft mauuais, que fen- penetrer plus auant tir froid ne le foit auffi Que fi la vie et bien, que le viure ne foit bon: Tout cela eft dedans la autour de la fageffe,& n'entre point dedans. Mais il nous faut loger dedans elle:& Philofophie: quand nous prendrons plaifir de nous y pourmener quelquefois, elle a des lieux fpacieux & amples pour fe retirer à part. Enquerons nous de la nature des Dieux, . dequoy fe nourriffent les aftres,du cours diuers que font les eftoilles,fi nos corps se meuuent auec leur mouuement, fi ce font elles qui donnent vigueur au corps & à

Gg

Toutes telles

tulitez ne meritent pas

qu'on y em

les paroles

car.

[ocr errors]

ches friuoles

des mœurs,

de la Philo.

fophic.

Paradoxe
ordinaire

aux Stoï
foit au pou-

ques, qu'il

uoir de

l'ame de toutes chofes. Si celles qu'on appelle fortuites, font attachees à quelque Ces recher- certaine loy:s'il y a rien qui aduienne tumultuairement, ou qui roulle fans aucun ne font rien ordre de nature, le voy bien que ces difcours n'appartiennent en rien à la reformapour la re- tion des mœurs:toutesfois ils recreent l'efprit, & l'efleuent à la grádeur de ces choformation fes qu'il traite. Au contraire,ces autres queftions que ie faifois cy-dellus,le rógent & font du & l'abaiffent, & au lieu de l'aiguifer, l'affoibliffent. Mais ie vous prie pourquoy tout inutiles, perdons-nous tant de peine apres vne chofe qui eft peut-eftre fauffe,ou à tout le moins inutile, & qui meriteroit d'eftre employee à vn fubiect plus haut & plus profitable? Dequoy me pourra feruir de fçauoir fi la fageffe eft vne chofe,& fi eftre lage en eft vne autre? Que me pourra feruir de fçauoir que cecy eft bon, & que cela ne l'eft point? Ie feray bien temeraire iufques là, ie me mettray au hazard de ce fouhait, que tu puifles auoir fageffe hardiment, pourueu que ie puiffe eftre Vray vage fage. Ie m'afleure que nous ferons egaux. Mais fay pluftoft cecy: monitre-moy le chemin pour y pouuoir paruenir : dy. moy ce que ie dois fuyr, ce que ie dois defirer: par quelles difciplines ie pourray affeurer mon efprit chancellant: par quel moyen ie pourray chaffer loin de moy ces vicieux defirs qui me iettent, & m'emportent à trauers:comment ie pourray refifter à tant de vices: comment ie pourray ofter tant de maux qui fe font iettez fur moy, & ceux auffi fur lefquels ie me fuis volontairement ietté. Enfeigne-moy comme ie dois fupporter mes afflictions fans mes pleurs,& mes felicitez fans les armes d'autruy : Comment ie dois n'attendre point la derniere & ineuitable fin de ma vie:mais m'enfuyr moy-mefme auant heure,quand bon me femblera. Il n'y a rien qui me femble fi vilain, que defirer la mort. Car fi tu defires de viure, pourquoy fouhaittes-tu de mourir ? & fi tu ne veux mourir quád plus viure, pourquoy demandes-tu aux Dieux vne chofe qu'ils t'ont donnee en il luy plaift. naiffant?Car de mourir quelque iour, cela te doit aduenir malgré toy:& de mourir quand tu voudras, il eft en ton pouuoir. L'vn eft par neceffité, & l'autre eft en ta volonté. Ces iours paffez ie vis vn fort laid commencement d'vn difcours d'vn homme, qui autrement eftoit bien difant: Ouy ( dit-il) que ie meure bien-toft. O fol que tu es, tu defires vne chose qui eft en ta puiffance. Peut-eftre qu'en tenant ces propos,tu es deuenu vieil. Autrement qu'eft-ce qui te pouuoit retarder? Pas-vn ne te tient: efchappe par où tu voudras. Choifis la partie des chofes de la nature qu'il te plaira,par laquelle tu commanderas que pallage te foit donné. Certainement ce font les elemens par lefquels tout ce monde eft fouftenu, l'eau,la terre, & de la vie & l'air. Toutes ces chofes font autant cause de la vie,comme chemin à la mort.Que ie meure bien-toft:ce bien-toft,quand veux-tu qu'il foit?quel iour luy dones-tu?il fe peut faire pluftoft que tu ne le fouhaittes. Ce font paroles d'vne ame foible & lafche,& qui par cefte deteftatió recherche qu'on ait pitié d'elle. Celuy ne veut pas mourir,qui le fouhaitte. Prie les Dieux de te donner vie & fanté. Mais quand il te plaira de mourir,le fruict de la mort eft de mettre fin à tels fouhaits. Parlons de cefa,Lucilius mon bon amy: inftruifons noftre ame auec cela. Voila noftre fageffe: voila comme on eft fage:& non point le tourmenter apres vne folle fubtilité, par des petites difputes inutiles. La fortune t'a propofe tant de difficultez & de queftions:tu ne les as peu encores diffoudre. Et maintenant tute moques.Ce feroit vne aux gendar- grande folie à toy quand la trompette auroit fonné au combat, de battre le vent de fon des tro ton efpee. Laiffe les armes de paffe-temps, & pren celles qui tuent. Appren-moy pettes pouf par quel moyen ie pourray faire,que mon ame ne fe trouble, ni par trifteffe,ni tre l'air de aucune frayeur:par quel moyen ie me pourray defcharger de l'importunité de mes leurs efpees. ambitieux defirs. Qu'on face, & qu'on profite en quelque chofe. La fagelle eft vn

Les elemens

font egale
ment caufe

de la mort.

Sophiftes

comparez

mes que le

feroit à bat

par

mes & la

tant que l'ef

à outrance.

bien, mais eftre fage n'eft pas bien. Qu'ainfi foit. Nions qu'il foit bon d'eftre fa- Les Sophit ge, afin qu'on fe moque de tout ceft eltude, comme employé en chofes inutiles. Philofophie Que ditois-tu quand tu fçaurois qu'on te demande encor, fi la fagefle, qui eft à ve- different aunir,eft vn bien? Quel doute y a-il ie te prie, que les greniers ne fentent point en- crime à plaicor la moillon à venir, ni l'enfance defpourueue de forces & de vigueur ne fente fir de celle point encor l'aage de la ieunelle, ou elle doit entrer ? La fanté à venir sert auffi peu au malade, comme le repos futur foulage vn homme, pendant qu'il trauaille à la courfe, ou à la lutte. Qui eft celuy qui ne fçache, que ce qui eft à venir n'est pas bien, par cefte feule raifon qu'il eft encor à venir? Car ce qui eft bien, eft pareillement profitable : & s'il ne profite point, pareillement ce n'eft pas vn bien: & s'il profite, il l'eft defia. Ie dois eftre fage quelque iour: ce fera vn bien quand ie le feray. Mais cependant il ne l'eft pas. Vne chofe doit premierement eitre, puis apres on voit ce qu'elle fera. Comment le peut-il faire, ie te prie, que ce qui n'eft point encore,foit defia bon? Et comment veux-tu que ie te puifle mieux prouuer qu'vne chofe n'eft point,que lors que ie dis qu'elle fera? Caron cognoift bien que ce qui vient,n'eft point encor venu. Le printemps doit venir:ie fçay donc que nous fommes en hyuer, & que l'efté doit venir apres: ie fçay aufli par-là que l'efté n'eft point encor. La plus grande preuue que i'aye, qu'vne chofe n'est point encor prefentement, c'eft quand elle eft à venir. Ie feray fage, ie l'efpere. Mais cependant ie ne fuis pas encor. Si i'auois ce bien, ie ferois defia exempt de ce mal. Il aduiendra que ie feray fage: tu dois iuger par-là, que ie ne le fuis pas encor. Ie ne puis pas en mefme temps me trouuer accompagné de ce bien & de ce mal. Ces deux chofes, fçauoir eft le bien & le mal, ne fe peuuent affembler, ni fe trou- comparaiuer en vne mefme perfonne. Ne nous arreftons point à ces fornettes par trop fub- fons montiles,& courons apres ce qui nous peut apporter quelque bien. Celuy qui eft en fauc diuertit peine d'aller querir vne fage-femme pour fa fille qui eft en trauail d'enfant, fe gar- fon efprit de bié de s'amufer à lire l'affiche cótenant l'ordre & le deffein des ieux publiques, d'occupatios qu'on doit celebrer. Celuy qui court pour efteindre le feu de fa maison qui bruf- pueriles, le,n'a loifir d'aduifer comme vne table enfermee au ieu de l'efchiquier en pour-pliquer à des pas ra fortir.Mais,ô bon Dieu,on te vient denoncer tous les maux du mode,& l'embra- ferieufes. fement de ta maison,le danger qui menace tes enfans,le fiege de ta ville,& le pillage de tes biens: & encor apres cela,le naufrage, le tremblement de terre, & tout autre mal qu'on peut craindre. Eftant doncques empefché entre tant de maux, ne penfes-tu qu'à te donner du plaifir? Tu demandes quelle difference il y a entre la lagelle,& eftre fage Tut'amufes à lier des nœuds pour apres les defnoüer, cependant que tant de maux menacent ta tefte?Nature ne nous a pas efté fi largement liberale du temps,qu'il nous en faille rien perdre:& voy ie te prie combien en perdet les plus diligens. Nos maladies nous en defrobent vne partie, & celles de nos parens l'autre. La neceffité de nos affaires priuez en occupe vne partie, & les affaires publiques l'autre. Le dormir partage par moitié noftre vie auec nous. De ce temps. qui eft fi petit & fi vifte,& qui nous emporte auec fa fuite,quel plaifir préd-on d'en perdre la meilleure partie à chofes vaincs?ioint que noftre efprit s'accouftume plus à fe donner du plaifir,qu'à fe guarir, & faire feruir la Philofophie de paffe-temps, au lieu qu'elle peut feruir de remede. Ie ne fçay quelle difference il y a entre fageffe,ou eftre fage. Mais ie fçay bien qu'il ne m'importe rien que ie le fçache, ou que fuit les Soie ne le fçache pas. Dy-moy, apres que i'auray appris s'il y a quelque difference phiẩmes & entre fageffe,ou eftre fage, le deuiendray-ie: Pourquoy me detiens-tu pluftoft entre tirer profic les mots, qu'entre les effects de la fageffe? rends-moy plus conftant,rends-moy plus fophie.

ftrans qu'il

ineptes &

l'ap

Moyen de

de la Philo

affeuré, fay-moy compagnon de la fortune, fay que ie la puiffe vaincre : & ie la pourray facilement vaincre,fi ie fay tout ce que l'apprens.

Vn bon Phi. lofophe ne. glige les dif

cours com

muns, &

qui fait pour

la reformation des

mœurs.

Suiet ordinaire des

Ciceron.

Le mefpris

eft figne

bien nee.

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Il reprend l'ambition de ceux qui pourfuiuoient les honneurs dignite dedans Rome. Il mei apres la definition du bien, comme on le peut cognoiftre.

que les

V me pries que ie t'efcriue plus fouuent. Si nous venons à compte, tu n'auras Tde dequoy me payer. Il auoit été accordé que tes lettres viendroient les premieres,& que ie te refcrirois apres.Mais ie ne feray point le difficile. Ie fçay qu'il te fait s'arrefte à ce bon prefter. C'eft pourquoy i'aduanceray cefte-cy. Et ne feray point ce que Cice ron, homme tres-eloquent, commandoit à Atticus qu'il fit, que s'il n'auoit aucun fubiect pour luy efcrire, il luy efcriuift pluftoft tout ce qu'il luy viendroit en la bouche. Ie ne puis auoir iamais faute d'argument pour t'efcrire, encor que ie laiffe tous les difcours dont les Epiftres de Ciceron font remplies,fçauoir eft,qui eft ceEpiftres de luy qui eft plus en peine de tous ceux qui briguent les eftats:qui eft celuy qui pourfuit le fiant de fes forces,ou de celles d'autruy:qui eft celuy qui demande le Confulat fous la faueur de Cefar, qui fous celle de Pompee,, ou qui le demande ouuertement:combien Cecilius eft cruel vfurier,duquel fes plus proches parens ne peuuet arracher vn denier qu'à l'intereft de douze pour cent. Il vaut beaucoup mieux manier fes playes que celles d'autruy:fe fonder foy-mefme,& prendre garde combien des dignitez de chofes on pourfuit,& ne porter aucune faueur. C'eft vne chofe excellente, c'est mondaines, vne chofe alleurce, & digne d'vn homme bien ne, de ne rien pourfuiure, & ne ted'vne ame nir cópte en aucune façon des eftats, & de l'affemblee de la fortune. Quel contentement penfes tu que ce foit,lors que les tribuz du peuple font mandees, lors pourfuiuans font pendus attentiuement à la fuitte de leurs amis, lors que l'vn fait crier tout haut l'argent qu'il veut donner, & que l'autre negocie par vne caution & refpondant,& que tous à force de bailer mangent prefque les mains de ceux qu'ils ne daigneroient toucher s'ils eftoient vne fois defignez: les voir tous eftonnez attendans la voix du crieur public: & cependant tu fois là tout debout en repos d'efprit,regardant ces foires & ces marchez, fans rien vendre & fans rien achepter? O combien eft plus grand le plaifir de celuy qui auec toute affeurace iette fes yeux, non pas fur les affemblees,où fe creent les Preteurs & les Confuls:mais ces gráds eftats & ces allemblees, où les vns demandent les honneurs annuels, les autres les puiflances perpetuelles : les vns les heureux fuccez des batailles & les triomphes, les autres les richeffes:les vns les mariages & des enfans, & les autres la fanté pour eux & pour leurs parens!O que c'eft auoir le courage grand d'eftre feul à ne defirer rien,à ne prier aucun, & dire, Tu ne peux rien gagner fur moy, fortune: tu n'as nul pouuoir fur moy. Ie fçay que tu reiettes les Catons, & que tu fais Confuls les Vatiniens. Ie ne te prie de rien. C'eft rendre la fortune comme vne chofe priuee & fans pouuoir. C'eft à ce que nous deuons prendre plaifir de nous entr'escrire: c'eft la matiere que nous deuons toufiours tirer dehors, quand nous voyons tant de milliers d'hommes viure fans repos : & lefquels, pour en fin ne gagner qu'vn bien autant pernicieux que la pefte, trauaillent par des mefchans moyens à acquerir des

Magnanimi

té & con

tentement

du fáge en fa condition,

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hommes

ne trouuent

affouuir.

de la verité

Erreur du

per à l'appa

Que c'eft

qu'on ap

Difference entre vray

&

chio fes mauuaifes,& defirent des biens qu'il leur faut toft apres fuyr,ou en eftre incontinent desgouftez. Car qui eft celuy qui fe foit cótenté de ce qui luy a efté don- L'infatiable né,& qui luy fembloit eftre trop grád quand il le defiroit? Les richelles ne font pas conubitife infatiables, comme les hommes pentent:elles ne leur font que trop petites. C'est pour- des be quoy elles ne peuvent faouler pas-vn. Il te femble que ces chofes foient infiniemét leur extréme hautes, parce que tu es fort ciloigné d'elles : mais elles font fort bailes à l'opinion auarice, qui de ceux qui y sont paruenus.le me trompe bien s'il ne tafche encor de monter plus point de rihaut. Ce que tu eftimois ettre le plus haut, n'eft qu'vn degré. Or c'est l'ignorance chefes allez de la verité qui fait mal à tout le monde. Et trompez par les bruits du peuple, ils grades pour courent apres comme fi c'eftoit quelque bien.Et finalement apres les auoir acquis, L'ignorance & beaucoup fouffert,ils cognoillent que ce ne font que maux, ou choles inutiles, caufe tant ou moindres qu'ils n'auoient efperé.La plus grande partie des hommes les voyant de maux au de loin, les admirent, & le vulgaire prend les chofes grandes pour bonnes. Mais monde. afin que cela ne nous aduienne point,demandons qu'est-ce qu'on appelle bien. On peu le, qui luy a donné diuerfes interpretations: ceftuy cy l'a definy d'vne façon, &: ceftuy fe life trolà d'vne autre. Il y en a qui l'ont autrement exprimé. Quelqu'vn l'a ainfi definy: rence des Le bien c'eft ce qui attire nos ames, & qui nous appelle à foy. A quoy l'on oppofe chofes. incontinent cecy:Mais s'il nous appelle,& que ce foit pour noftre malheur & ruine?Car tu fçais qu'il y a des maux qui nous flattent. Le vray,& le vray sublable dif- pelle bien. ferét en cecy:que le bien eft ioint auec le vray:car il n'eft pas bie s'il n'eft vray.Mais ce qui nous attire à foy, qui nous alleche d'vne belle apparence, il n'eft que vray & vray fem femblable:il entre à fauffes enfeignes dedás nous,il nous folicite, & nous attrait.Le blable. bien eft ce qui efueille vn appetit & defir de foy, & qui meut l'ardeur d'vn efprit qui tend à luy.Et encor on s'oppofe contre ce bien: car il y a plufieurs chofes qui meuuent l'ardeur de l'ame, qui font defirees pour la ruine de ceux qui les defirent. Ceuxfont beaucoup mieux, qui le definiffent ainfi : Le bien eft ce qui attire à foy l'ardeur de l'ame felon les loix de nature:lequel il faut feulement rechercher quand il cómence d'eftre defirable. Car lors il eft honnefte, & c'est ce qu'il faut parfaictement defirer. Ce pallage me femond de te dire la difference qui eft entre le bien & Intre le bien l'honeur.Ils ont bien quelque chofe qui eft fi meflee,qu'elle eft infeparable:& rien ne peut eftre appellé bien, que ce qui a de l'honneur parmi: comme ce qui ett honnefte,eft toufiours bon. Quelle difference donc met-on entre ces deux chofes ? Ce qui eft honnefte,eft le bien parfaict, & qui rend la vie bien-heureufe, par l'appro- chofes inchement duquel toutes choles deuiennent bones.Ce que ie dis fe doit entendre ain- differentes fi. Il y a des chofes qui ne font ni bonnes ni mauuaifes, comme fuiure les armes, deviennent faire vne ambaffade, vn eftat de iuftice. Toutes ces chofes quand elles font admi- bonnes. niftrees auec honneur, commencent d'eftre bonnes, & d'vne chofe douteuse fe changent en bien tout certain. Le bien s'engendre en la compagnie de ce qui est. honnefte:mais ce qui eft honne te,eft bien de foy-mefme Le bien detine de l'honneur,& l'honneur eft de foy fel. Ce qui eft bien, a peu eftre mal : mais ce qui eft Autre defihonnefte,n'a peu iamais eftre que bien. Quelques-vns luy donent cefte definition: nition du Le bien eft,ce qui eft felon la nature. Pren bien garde à ce que ie dis. Ce qui eft bon,eft auffi felon la nature: mais il ne s'enfuit pas neceffairement, que ce qui eft felon nature, foit bon. Il y a beaucoup de chofes qui confentent à nature, mais elles font fi petites, qu'elles ne meritent point de porter le nom de bien. Car elles font fi petites qu'on les mefprite volontiers. Mais nul bien, pour tant petit qu'il foit,ne doit eftre mefprife. Parce que pendant qu'il eft petit,il n'eft pas bon.Et lors qu'il commence d'efte bon, iln'est pas petit. A quoy peut on cognoiftre qu'vne

& l'honcur.

comment

bien.

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