De remediis utriusque fortuneEditions Jérôme Millon, 2002 - 1 Seiten Voici l'œuvre la plus vaste et sans doute la plus ambitieuse que Pétrarque ait écrite, le traité Des remèdes aux deux fortunes (1354-1366) : 254 dialogues portant sur toutes les situations de l'existence, sur toutes les suggestions de la vie ; s'y s'affrontent, peut-être sans espoir de réconciliation, les éléments qui nous font vivre, la Raison inlassable et les Passions obtuses, à la recherche d'un sens et d'une possibilité de bonheur. Le projet de Pétrarque, nourri du plus vaste savoir antique et médiéval, de l'analyse stoïcienne des passions et chrétienne des vices et des vertus, est de confronter ce fonds si solide et si bien établi à la diversité des réalités contemporaines, dans l'idée de répondre à cette seule question : qu'est-ce qui tient dans la vie que nous menons ? Car les temps ont changé, et le monde alentour impose de mettre la Raison à l'épreuve de toutes les propositions du réel : d'où une forme inédite jusqu'alors, une variation indéfinie sur le phénomène de la vie, qui montre, dans cet ouvrage éperdument désireux de fournir une somme de l'existence, l'incapacité nouvelle à accéder à une figure objective de la totalité. La Raison, devant la profusion du réel, le changement de la société, ne peut plus se satisfaire des schémas anciens. Il se peut qu'avec ce texte nous entrions dans un nouvel âge de la Raison : inquiète, et toujours à recommencer. Une somme donc, mais sans organisation, donnant une issue exclusivement morale aux savoirs antérieurs, et soumise à la figure naissante de l'écrivain. Car c'est l'auteur qui suppléera désormais à la certitude ancienne des lieux, de l'architecture et des pensées - c'est-à-dire une mouvance, là où il y avait une assurance. Et par lui, chaque homme à son tour, requis de comprendre les figures d'un monde qui l'excède à mesure qu'il le construit. |