Histoire de la littérature française sous le gouvernement de juillet, Volume 2

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Lecoffre, 1854 - 1140 pages
 

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Page 115 - Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Qui des plus douces fleurs embaume son haleine Quand vous la respirez ; Mon âme est la forêt dont les sombres ramures S'emplissent pour vous seul de suaves murmures, Et de rayons dorés.
Page 152 - Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire Voltige-t-il encor sur tes os décharnés ? Ton siècle, était, dit-on, trop jeune pour te lire ; Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés. Il est tombé sur nous, cet édifice immense Que de tes larges mains tu sapais nuit et jour. La Mort devait t'attendre avec impatience, Pendant quatre-vingts ans que tu lui fis ta cour ; Vous devez vous aimer d'un infernal amour.
Page 152 - Jésus, ce que tu fis, qui jamais le fera? Nous, vieillards nés d'hier, qui nous rajeunira? Nous sommes aussi vieux qu'au jour de ta naissance. Nous attendons autant, nous avons plus perdu. Plus livide et plus froid, dans son cercueil immense Pour la seconde fois Lazare est étendu.
Page 152 - Ta gloire est morte, ô Christ! et sur nos croix d'ébène Ton cadavre céleste en poussière est tombé! Eh bien! qu'il soit permis d'en baiser la poussière Au moins crédule enfant de ce siècle sans foi, Et de pleurer, ô Christ! sur cette froide terre Qui vivait de ta mort, et qui mourra sans toi ! Oh!
Page 152 - Pour t'en aller tout seul promener ton front pâle Dans un cloître désert ou dans un vieux château ? Que te disent alors tous ces grands corps sans vie , Ces murs silencieux , ces autels désolés , Que pour l'éternité ton souffle a dépeuplés? Que te disent les croix ? que te dit le Messie ? Oh...
Page 151 - O Christ ! je ne suis pas de ceux que la prière Dans tes temples muets amène à pas tremblants ; Je ne suis pas de ceux qui vont à ton Calvaire, En se frappant le cœur, baiser tes pieds sanglants...
Page 149 - Marietta, tu nous restais encore. Lorsque, sur le sillon, l'oiseau chante à l'aurore, Le laboureur s'arrête, et, le front en sueur, Aspire dans l'air pur un souffle de bonheur. Ainsi nous consolait ta voix fraîche et sonore, Et tes chants dans les cieux emportaient la douleur.
Page 151 - Mais je hais les pleurards, les rêveurs à nacelles, Les amants de la nuit, des lacs, des cascatelles, Cette engeance sans nom, qui ne peut faire un pas Sans s'inonder de vers, de pleurs et d'agendas.
Page 154 - Vous vouliez pétrir l'homme à votre fantaisie; Vous vouliez faire un monde. — Eh bien, vous l'avez fait. Votre monde est superbe, et votre homme est parfait ! Les monts sont nivelés, la plaine est éclaircie; Vous avez sagement taillé l'arbre de vie; Tout est bien balayé sur vos chemins de fer; Tout est grand...
Page 151 - Les clous du Golgotha te soutiennent à peine ; Sous ton divin tombeau le sol s'est dérobé : Ta gloire est morte, ô Christ ! et sur nos croix d'ébène Ton cadavre céleste en poussière est tombé...

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