Salon de 1831 |
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Popular passages
Page 275 - ... combien de fois ils ont trouvé la parole sincère et fidèle ; qu'ils osent compter les tours indignes qu'elle leur a si souvent joués, les trahisons sans nombre dont ils ont été victimes, et qu'ils viennent ensuite me reprocher le mensonge ou la ruse ! Est-ce à moi qu'il faut s'en prendre? Est-ce ma faute si la vérité, à laquelle ma foi s'engage , s'altère et se mutile pour arriver jusqu'au lecteur? Faut-il me blâmer si, parfois, d'impérieuses nécessités me condamnent à dire plus...
Page 276 - C'est une œuvre mesquine (toujours la cri-_ » tique) et qui ne mérite pas même le nom d'œuvre. C'est » une oisiveté officielle, un perpétuel et volontaire loisir; » c'est la raillerie douloureuse de l'impuissance, le râle de » la stérilité; c'est un cri d'enfer et d'agonie1.
Page 103 - ... un ciel italien ? Il a mis de la poussière parce qu'il en a vu, parce qu'il y en avait. Ce n'est pas sa faute, si notre climat n'est pas plus riche, plus éclatant. Il a pris la scène telle qu'elle s'est passée sous ses yeux, et il en a tiré un admirable parti. Faut-il blâmer, faut-il louer l'alliance de l'allégorie et de la réalité qui préside à cette composition ? Nous blâmerons le principe en lui-même, mais nous louerons l'exécution : le succès absout.
Page 276 - C'est un abîme (la critique sévère) qui s'ouvre devant vous. Parfois il vous prend des éblouissements et des vertiges. De questions en questions, on arrive à une question dernière et insoluble, le doute universel. Or, c'est tout simplement la plus douloureuse de toutes les pensées. Je n'en connais pas de plus décourageante, de plus voisine du désespoir...
Page 103 - ... majesté que l'histoire seule, et la plus lointaine, possède et semble se réserver comme un privilège exclusif : mais une fois cette idée acceptée, ne fallait-il pas la mener à bout d'autre sorte ? Cette jeune fille qui guide le peuple, at-elle vraiment l'idéalité dont le peintre voulait la revêtir? Le type de sa figure et de ses membres est-il assez grand, assez en dehors de nos habitudes? L'énergie et l'animation de ses traits suffisent-elles à en faire un être surnaturel? A ne...
Page 160 - Gœt^ de Berlichingen. C'est un bonheur bien grand et bien réel pour un artiste, quel qu'il soit, de voir sa pensée qu'il a conçue et rêvée complète et armée de toutes pièces, mais qu'il a, malgré lui, livrée aux curieux, boiteuse et mutilée, renouvelée, rajeunie, complétée par une métamorphose habile, par un nouvel effort de l'art, mais de l'art aidé d'autres moyens. Et ainsi Smirke a traduit Gil Blas et Don Quixote, et, sans nul doute, Le Sage et Cervantes s'en trouvent bien.
Page 43 - ... trop propre, de ressembler trop à de la peinture qui veut être jolie et nette avant tout, et rarement à la nature qui, même lorsqu'elle est belle, ne l'est jamais d'une beauté uniforme et monotone.
Page 125 - Avec l'habitude une fois prise de silhouetter ses acteurs sur une muraille blanche ou un terrain clair, on anéantit l'espace où ils se meuvent, on ôte l'air qu'ils respirent.
Page 178 - ... Horaces, dit finement G. Planche, reposait sur une foi puérile, sur un respect ridicule pour les études de collège. Les travaux de la critique allemande et française ont ramené le peuple souverain à sa vraie taille. Aujourd'hui que nous les avons mesurés, nous les voulons bien tels que Shakespeare nous les a montrés dans Jules César et Coriolan; mais autrement, nous n'en voulons plus. De chair et d'os, parlant, agissant comme nous, animés de nos passions, ignobles et salis par les mêmes...
Page 53 - H y a, dans l'attitude rêveuse et recueillie de cette pauvre jeune fille, je ne sais quelle tristesse mystérieuse qui séduit et qui entraîne. Les lignes sont harmonieuses et pures. Les larmes qui ruissellent sur les joues de Marguerite, coulent naturellement. Il n'ya pas jusqu'aux narines, ouvertes et haletantes, qui n'ajoutent un nouvel et puissant effet à l'ensemble de cette belle et simple élégie. Il semble qu'on entend les sanglots qui suffoquent le cœur de l'héroïne chérie de WolfgangGoëthe.