La tente dans la solitude: La société et les morts chez les Touaregs Kel FerwanÉditions de la Maison des sciences de l’homme, 31 mars 2017 - 392 pages Les Touaregs Kel Ferwan nomadisent aux portes de la vieille ville d'Agadez, déplaçant leurs lourdes tentes en nattes de doum. La tente kel ferwan, avec sa base circulaire analogue au cercle de la terre, sa forme sphérique évoquant la voûte céleste, et ses quatre piquets d'angles semblables aux quatre piliers qui, dit-on, soutiennent le ciel aux quatre coins du monde, est censée être une réplique du cosmos. Dieu en donna autrefois le plan aux Touaregs et, depuis, ces tentes toujours reconstruites selon ce modèle immuable et céleste sont transmises de mère en fille. La tente en effet appartient à l'épouse, alors que l'époux, même s'il en est le « maître », n'y est qu'un hôte. Dès qu'il commence à devenir un homme, l'adolescent déserte la tente de sa mère et mène une vie incertaine durant laquelle il partage de précaires abris de nattes avec des compagnons d'âge. Il ne réintègre une tente que lorsqu'il se marie, et un divorce ou le veuvage peut toujours le ramener à la condition précaire de l'adolescent. Cependant, les tentes appartenant à des femmes, et auxquelles toute une symbolique attribue un caractère féminin, se regroupent autour d'hommes puisque chaque campement rassemble un homme, ses fils, son épouse et ses brus. Dans le paradoxe constitué par ces campements d'hommes vivant dans des tentes appartenant à des femmes s'inscrit l'essentiel de la vie sociale touarègue, dont ce livre décrit le déroulement rythmique. |