actions qui les distinguent, ce volume ne contient guère que des faits qui véritablement sont des sujets et des moyens d'exercice. Près de trois cents MOTS-RÈGLES Ont donné un corps à autant de généralités. Fracas rappèle cette règle de dérivation: on écrit par une s le son final des mots qui ont une s dans les dérivés: fracas, fracasser; cas, casuel, casuiste, etc.; avis, aviser. Fréquent réveille celle-ci : les mots qui servent à former un verbe par l'addition d'er, s'écrivent par ent: fréquent, fréquenter; arpent, arpenter; argent, argenter. Le maître a, dans le grand ouvrage (le Cours en 2 vol.), des listes d'applications, qu'il peut donner à l'élève comme de nouveaux sujets d'exercice. Des dictionnaires de mots irréguliers quant au genre, à l'orthographe, à la prononciation, à la conjugaison, présentent aussi d'amples moyens d'exercer l'élève. Nous voudrions que le maître, aidé d'un grand et bon dictionnaire, lui donnât, dans des exemples, l'emploi et la signification de chaque mot, afin que la science des mots fût aussi celle des idées. Enfin près de deux mille cinq cents citations choisies, dans le dessein de faire passer en revue toutes les analogies, toutes les tournures de notre langue, servent à exercer, à accoutumer l'oreille à l'harmonie, l'œil à l'orthographe, à éveiller l'esprit d'observation, et l'idée des règles. L'élève passera alternativement de cette lecture à la déchiffration que nous avons annoncée. Ce genre d'exercices renferme de nouvelles richesses, c'est-à-dire de nouveaux exemples pris dans la belle littérature. Une partie de chaque mot, celle qui n'offre point de difficulté, ou sur laquelle on ne veut pas attirer l'attention, est écrite en caractères ordinaires. La partie qui doit être un objet d'exercice est en chiffres. Avant tout, nous avons évalué les sons de notre langue, affecté à chacun d'eux un signe invariable. Ainsi, par exemple, le chiffre 3 représente toujours le son é, de quelque manière qu'il s'écrive, comme dans chéne, chaine, j'avais, ils avaient. Le son è moyen (comme celui qui s'entend dans annette, dans il avait) a pour signe incommunicable le chiffre 4. Voyez le tableau phonométrique, page 212. Lus et relus, les exercices chiffrés feront bientôt acquérir la connaissance et l'habitude de la bonne prononciation, et, sous ce rapport, ils présentent un avantage qui sera surtout apprécié par les étrangers et même par les nationaux qui vivent éloignés de la capitale. Déchiffrés et transformés en écriture usuelle, puis corrigés, ils seront accompagnés de progrès rapides dans l'orthographe, la construction et la syntaxe. Il ne faut pas craindre de les recommencer. Le maître pourra numéroter et garder par devers lui les différentes déchiffrations, afin de pouvoir ensuite les comparer, et démêler les causes qui hâtent ou retardent les succès. En faisant ce travail, l'élève peut recourir sans cesse aux autres parties de son manuel, où, à la vérité, il ne trouve pas l'exemple qu'il déchiffre, mais des exemples semblables, ou des listes qui renferment le mot qui l'embarrasse. Il a la table, cet instrument si propre à faciliter ses recherches. Quel triomphe pour lui si, par sa propre industrie, il peut parvenir à faire peu de fautes! La nécessité des exercices a toujours été sentie par les instituteurs. Dans cette vue, les uns, qu'on me permette cette expression, coiffant les mots à la Midas, ont fait des cacographies et des cacologies, dont le vice radical est de présenter de fausses images et de laisser de fausses impressions. D'autres, tels que M. Domergue, ont fabriqué un nouvel alphabet, inventé de nouvelles lettres, et écrit leurs exercices en une autre langue. D'autres ne voulant, ni montrer la bonne orthographe, la bonne prononciation par la mauvaise, ni se condamner à apprendre une langue que personne ne parle, emploient la simple voie des dictées, dont le vice principal est de ne pas laisser à l'élève assez de temps pour réfléchir, de sorte que son premier jet est lui-même une véritable cacographie. Il est étonnant que l'écriture chiffrée, déjà connue comme moyen facile de correspondance, n'ait point encore été appliquée à des exercices d'orthographe et de prononciation. Cette écriture n'exige aucune nouvelle étude, elle n'a rien d'arbitraire, elle note d'une manière exacte la gamme des sons, ne trompe jamais ni l'œil ni l'oreille, pare à tous les inconvénients, et satisfait à tous les besoins. 1 DE LANGUE FRANÇAISE. Idée de la Grammaire. Une femme dit avec LE: Parlez, que dois-je faire ? Dire: je suis chrétienne?— Oui, Seigneur je le suis. VOLT. >> Lucile, êtes-vous mariée? - Oui, je le suis. DOMERG. » Je veux être mère, parce que je le suis, et c'est en vain » que je voudrais ne pas l'être. MOL. >> Êtes-vous la nouvelle mariée? Oui, je la suis. Dom. Explication. Dans la première circonstance, la femme répond qu'elle est pourvue de telle ou telle qualité; dans la seconde, qu'elle est telle ou cette personne. Cette diversité d'expressions dans ces deux circonstances, est fondée sur les faits, et Domergue est l'organe de l'usage général de ceux qui écrivent et parlent bien, lorsqu'il établit cette règle: RÈGLE. Une femme dit: Je le suis ou je la suis, selon que cela signifie, je suis telle ou je suis elle. Recœueillir ainsi, sur les diverses manières de s'exprimer, des exemples fournis par le bon usage; en donner l'explication, et en déduire des généralités ou règles: tel est l'office de la grammaire, ainsi nommée du grec gramma, qui signifie lettre, et par extension mot, mot parlé ou écrit. Plusieurs mots réunis pour former un sens forment une proposition, ou une phrase. Je suis chrétienne, est une proposition ou une phrase; ce dernier mot vient de PHRasô, je parle. Division de la Grammaire. Un loup n'avait que les os et la peau : Le loup reprit : Que me faudra-t-il faire ? LA F. La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis, Avec un fier lion, seigneur du voisinage, firent société.... Vous leur fites, seigneur, en les croquant, beaucoup d'honneur. La F. Il est évident qu'on peut considérer les mots de ces différentes phrases, 1o. Sous le rapport des idées qu'ils rappèlent, que chien, loup, lion, génisse, os, peau, vous, etc., désignent des êtres ou objets qui existent dans la nature; que BONNE ajouté à garde, FIER affirmé du lion, expriment des qualités qui existent dans ces objets; que faire; etc., quittez, avait, croquant, rappèlent des idées d'action, etc., etc. Il doit donc y avoir une partie de la Grammaire qui donne la connaissance des idées, dont les mots ne sont que les signes : Avant donc que d'écrire (*), apprenez à penser, BOIL. 2o. Qu'on peut considérer les mêmes mots sous le rapport des formes qu'ils revêtent; que, par exemple, on dit chien et chiens, le, la et les ; que l'action de faire est exprimée par fesaient, fesant, ferez, faire, firent, fites, etc. Il doit donc y avoir une seconde partie de la Grammaire qui traite des formes. (*) Ou de parler. |