Revue des deux mondesAu Bureau de la Revue des deux mondes, 1835 - France |
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Popular passages
Page 727 - Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux. Ses petits affamés courent sur le rivage En le voyant au loin s'abattre sur les eaux. Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Ils courent à leur père avec des cris de joie En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Page 531 - Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos...
Page 727 - Quel que soit le souci que ta jeunesse endure, Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du cœur; Rien ne nous rend si grands' qu'une grande douleur. Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Page 531 - Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage Ou comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas!
Page 727 - Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras? Ah! je t'ai consolé d'une amère souffrance! Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d'amour. Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance ; J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour. LE POÈTE Est-ce toi dont la voix m'appelle, O ma pauvre Muse!
Page 530 - Qui me présente un compte, une lettre, un mémoire, Qui me dit que demain est jour de consistoire, Qui me rompt le cerveau de cent propos divers, Qui se plaint, qui se deult, qui murmure, qui crie : Aveques tout cela, dy (Panjas) je te prie, Ne t'esbahis-tu point comment je fais des vers?
Page 728 - Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur, Ce n'est pas un concert à dilater le cœur. Leurs déclamations sont comme des épées; Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.
Page 727 - II craint que ses enfants ne le laissent vivant; Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage, Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu. Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Et que le voyageur attardé sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Page 727 - O paresseux enfant! regarde, je suis belle. Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas, Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile, Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras? Ah! je t'ai consolé d'une amère souffrance! Hélas! bien jeune encor, tu te mourais d'amour. Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance; J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour.
Page 727 - Poète, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle, Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux.