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vertus morales sont quatre, savoir, la prudence, la justice, la force et la tempérance, et qui sont appelées cardinales, comme étant les principales qui influent dans toutes les autres. Parmi les autres vertus morales, la religion, qui regarde le culte divin, tient le premier rang: viennent ensuite la miséricorde, l'humilité, la douceur, la patience, qui règlent la conduite de l'homme envers le prochain; la pauvreté, la chasteté, l'obéissance, etc., qui règlent la conduite de l'homme par rapport à lui-même.

A laquelle de ces vertus doit particulièrement s'appliquer une personne spirituelle ? A la douceur, et cela pour trois raisons : 1o parce qu'on ne saurait pratiquer cette vertu sans en pratiquer plusieurs autres; 2° parce qu'elle est dans l'intérieur comme un puissant ressort qui donne le mouvement à tout; 3o parce que Notre-Seigneur l'a proposée à ses disciples, comme le but auquel ils doivent tendre: Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.

Comment justifiez-vous ce que vous dites de la douceur? Par le caractère même de cette vertu qui renferme la plupart des autres. Par exemple, l'humilité se trouve dans la douceur, l'orgueil ne pouvant compatir avec les sentiments que cette vertu inspire, ni s'accommoder de son langage modeste et de ses manières insinuantes. Aussi voyons-nous que ceux qui sont véritablement doux sont toujours disposés à céder en tout aux autres, et à leur faire plaisir. On peut dire en général que la douceur est une vertu qui nourrit et qui fortifie toutes les autres.

En quoi s'exerce la foi, et quels effets produit-elle?- Elle nous fait adhérer fortement aux vérités révélées, et nous porte à y conformer nos mœurs. Elle nous fait vivre selon l'esprit et nous empêche de nous laisser conduire par notre propre sens et par notre expérience qui écartent de la pure foi, et qui ne manquent point d'égarer quand on les prend nd pour pour guides, et qu'on n'a pas soin de rectifier ce que l'on sent sur ce que l'on croit.

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priver de toute délicatesse qui flatte le corps. Quelle est la perfection de l'obéissance re-ligieuse? Elle consiste à exécuter promptement les ordres des supérieurs, en les regardant comme les lieutenants de Dieu; à obéir volontiers et avec une espèce de joie spirituelle, à soumettre son jugement å celui de son supérieur avec une déférence aveugle.

En quoi consiste la simplicité religieuse? A n'avoir qu'une simple vue qui tend toujours au bien, sans envisager jamais le mal. Elle consiste aussi dans un procédé sans déguisement et accompagné d'une candeur qui parte d'un cœur droit et sincère.

Quelles sont les vertus et les saintes habitudes qu'on peut appeler les conservatrices de toutes les autres? - Il y en a particulièrement trois: l'humilité, l'oraison et l'abstinence. On peut dire que l'oraison les arrose, que l'humilité les met à couvert, et que l'abstinence les défend et les conserve en desséchant la racine des vices qui pourraient les détruire.

Quels devoirs prescrit la vertu de religion? - Elle en prescrit cinq, et ce sont les principaux qui regardent le culte divin, savoir : les actes d'adoration, d'actions de grâces, d'oblation, ce qui comprend le sacrifice de protestation et de demande. Nous parlerons de l'humilité et de la miséricorde envers le prochain, dans le chapitre IV de la quatrième partie.

Quelles sont les fonctions de la prudence? C'est de nous marquer la conduite que nous devons garder envers nous-mêmes et envers les autres. Envers nous-mêmes, en nous faisant tenir le juste milieu entre le trop et le trop peu, de sorte que nous ne nous flattions point par délicatesse, et que nous ne nous accablions point par indiscrétion ; envers les autres, en nous apprenant à discerner les esprits, à conseiller et à diriger chacun selon ses besoins; ce qui est du devoir des supérieurs et des directeurs des âmes.

Quels sont les devoirs de la justice? - Elle en a deux principaux, qui sont de rendre à chacun ce qui lui appartient, et d'employer les corrections et les châtiments d'une manière chrétienne, sans perdre de vue la charité, et en se proposant le véritable bien de ceux que l'on corrige, en quoi il faut observer trois choses: 1o de punir sans passion ; 2o de ne point punir sur-le-champ celui qu'on surprend en faute, mais d'attendre qu'il ait eu le temps de se reconnaître et de revenir à soi; 3o de faire en sorte que la douceur assaisonne la correction, et que celui qu'on punit puisse comprendre qu'on ne cherche que son amendement et sa perfection.

En quoi se montre la force? Dans la souffrance et dans les travaux qu'elle fait supporter avec constance; dans la manière d'agir qu'elle rend généreuse et capable de surmonter les plus grands obstacles.

En quoi faut-il pratiquer la tempérance? Particulièrement en trois choses: 1° ne pas se rassasier durant le repas, sortant de table sans avoir accordé à son appétit tout ce qu'on pourrait, même sans excès; 2° se retrancher quelque chose de chaque mets, pour réprimer l'avidité de manger; 3° ne prendre aucune nourriture entre les repas, si ce n'est pour cause d'infirmité ou de travail extraordinaire. Tout cela est important pour les personnes qui veulent devenir spirituelles.

Quelles qualités doivent avoir les vertus pour être véritables ? Il faut qu'elles soient chrétiennes, qu'elles soient intérieures et pour ainsi dire profondes; qu'elles soient solides.

Qu'entendez-vous par vertus chrétiennes? J'entends celles qu'on pratique par des motifs de foi, et en vue de Dieu, et non par des motifs humains, à la manière des philosophes.

Qu'est-ce à dire intérieures et profondes? C'est qu'elles ne soient pas superficielles, qu'elles partent de l'intérieur, qu'elles tiennent au fond de l'âme et qu'on n'imite pas la conduite de ces personnes qui ne réforment pas leur intérieur et qui se contentent de quelques pratiques extérieures, sans aller jamais à la racine des vices par une véritable abnégation.

Qu'est-ce à dire solides? C'est-à-dire qu'elles aient été éprouvées, sans quoi on n'y peut pas beaucoup compter. Nous avons parlé de ces épreuves et de cette solidité des vertus dans le chapitre VI de la première partie.

CHAPITRE V.

Des exercices de piété.

En quoi consistent les exercices de piété? Dans une application réglée et constante des puissances de notre âme aux objets de piété.

Y a-t-il beaucoup de ces sortes d'exercices? Il y en a autant que de différents objets qui peuvent occuper saintement notre âme; les uns regardent Notre-Seigneur JésusChrist, les autres la sainte Vierge, les anges et les saints, etc.

Quels sont les saints exercices par lesquels on peut honorer Jésus-Christ ? - Nous l'honorons en nous appliquant à le connaître et à graver son image et son amour dans notre âme; ce qui se fait à force de penser à lui et de considérer les choses qui le concernent, et en particulier ses grandeurs, les états différents et les mystères de sa vie, ses actions, sa doctrine et ses souffrances.

Comment s'occupe-t-on de ses grandeurs? En les contemplant souvent, pour en faire la base et le fondement de notre dévotion envers Jésus-Christ; car ce sont ces grandeurs qui relèvent toujours les actions de sa vie; et il y en a de deux sortes: les unes qui ont du rapport à nous, et les autres qui n'en ont point. Etre Dieu et homme tout ensemble, Fils de Dieu vivant, principe de toutes choses, Verbe divin, par qui tout a été fait et par qui tout subsiste; être le Fils de la sainte Vierge, le plus parfait de tous les enfants des hommes, le plus relevé en tout, le

plus rempli de grâce et de vérité, tout cela n'a aucun rapport à nous. Mais être notre chef, le premier-né entre tous les enfants de Dieu, le Rédempteur du genre humain, le réparateur du monde perdu, la source de la grâce, le juge des vivants et des morts, tout cela nous regarde et nous intéresse. C'est en considérant avec attention ces qualités de Jésus-Christ qu'on apprend à le bien connaître et qu'on se remplit de vénération pour lui; et c'est cette connaissance et cette vénération qui doivent être le principe de tous les devoirs de piété que nous rendons à ce Dieu-Homme.

Comment faut-il s'occuper des états et des Il faut en mystères de Notre-Seigneur? faire souvent le sujet de ses méditations. Qu'est-ce qu'on appelle mystères de JésusChrist? On appelle ainsi certaines actions remarquables, certains événements par lesquels il est entré dans les différents états qui partagent sa vie. Il est évident que son incarnation l'a fait descendre à la condition des hommes; que par sa nativité il est entré dans l'état d'enfance; que sa circoncision l'a fait passer dans un état qu'on peut appeler d'attache et de dévouement au service de Dieu, son Père; que les mystères de l'Epiphanie, de la transfiguration et du baptême sont comme la base et le fondement de son état glorieux sur la terre; que sa qualité de dempteur est établie sur ses souffrances et sur sa croix; que sa résurrection a donné commencement à la vie surnaturelle qu'il a menée après sa mort; qu'il est entré par son ascension dans l'éternité de sa gloire; et que c'est sur le mystère de l'eucharistie qu'est fondé son état de résidence au milieu de nous. Lorsque ces états et ces mystères sont souvent présents à l'esprit, ils ne manquent point de faire impression et d'apporter avec eux les grâces que le Seigneur y a attachées.

De quelle manière faut-il s'occuper des Il faut avoir soin actions de Jésus-Christ? de les parcourir et de se les représenter par ordre, dans toute la suite de la vie du Sauveur, pour en remplir la mémoire, et pour s'y affectionner. Ces actions, qui sont toutes saintes, peuvent être divisées en vertueuses, pénibles et glorieuses. Les premières sont tous les exemples de vertus qu'il nous a donnés: de pauvreté dans sa naissance et durant tout le cours de sa vie, ayant voulu passer pour le fils d'un charpentier, et n'avoir point d'autre ressource que le travail d'un pauvre artisan; d'humilité dans sa circoncision et dans son baptême; de patience dans ses travaux, dans sa fuite en Egypte, dans ses persécutions et à sa mort; d'obéissance dans son exactitude à exécuter les ordres de la sainte Vierge et de saint Joseph; d'attachement pour Dieu, lorsqu'à l'âge de douze ans il quitta ses parents pour s'employer aux choses qui regardaient son Père céleste; de zèle, préchant aux peuples, les convertissant, reprenant les pharisiens, chassant du temple ceux qui le profanaient. Parmi ses actions pénibles on compte ses voyages en Egypte et dans la Judée, ses jeûnes, ses fatigues et ses courses pour la conversion des pécheurs, ses veilles et ses oraisons. Ses actions glorieuses sont les miracles : multiplier les pains, marcher sur l'eau, chasser les démons, ressusciter les morts, etc. C'est en méditant souvent ces actions du Fils de Dieu que l'on contracte avec lui une sainte familiarité, et qu'on prend du goût pour les mystères de sa vie.

Il ne

Comment faut-il s'exercer en ce qui regarde la doctrine de Jésus-Christ? faut rien oublier pour en imprimer fortement dans l'esprit les points les plus importants, et principalement ces huit qui sont comme l'abrégé de l'Evangile : aimer la pauvreté; avoir de la douceur; user de miséricorde; conserver la pureté du cœur; avoir faim et soif de la justice, c'est-à-dire désirer avec ardeur de profiter en grâce et en vertu; pratiquer une mortification continuelle ; avoir l'esprit pacifique; souffrir patiemment les persécutions. Ce sont les premières instructions que notre Sauveur a données à ses disciples; il faut nous les rendre familières, et nous en pénétrer si bien qu'elles se changent, pour ainsi dire, en notre substance, et que nous ne respirions que la doctrine de Jésus-Christ. Et voilà la véritable manière de s'exercer dans les divines Ecritures; il faut tirer le suc des vérités qu'elles contiennent, et en faire sa nourriture ordinaire.

Comment faut-il s'occuper des souffrances de Jésus-Christ? En conservant le souvenir de sa passion : ce souvenir doit être continuel; c'est le bouquet de myrrhe que l'Epouse des Cantiques portait toujours sur son sein. On distingue trois sortes de souffrances dans la passion de Notre-Seigneur: des peines intérieures, dont les plus considérables sont au nombre de cinq, savoir : son agonie dans le jardin des Oliviers, la trahison de Judas, le renoncement de saint Pierre, la fuite des autres apôtres, son délaissement de la part de son Père; des mépris, dont les cinq plus remarquables sont les in

perdre jamais de vue le crucifix, avoir une vénération singulière pour les cinq plaies qui y sont représentées, les adorer souvent, y appliquer sa bouche avec respect avant de s'endormir, lorsqu'on s'éveille et en toute rencontre. Les personnes religieuses qui ont fait les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance peuvent, en renouvelant ces trois vœux au pied du crucifix, s'en servir comme de trois clous, pour s'attacher à la croix de notre aimable Rédempteur; et toutes sortes de personnes peuvent user de cette pratique, par le moyen de l'humilité, de la charité et de la patience. Il est aussi très-utile de se transporter en esprit dans les lieux où Notre-Seigneur a souffert, et de s'y arrêter avec grande dévotion. Ces lieux sont le jardin des Oliviers, les maisons des pontifes, le palais d'Hérode, le prétoire de Pilate et le Calvaire. Il ne suffit pas de conserver un léger souvenir de ces lieux; il faut y penser souvent avec attention, en repaître la vue de l'esprit, et avoir des temps réglés pour les visiter et y faire ses stations, sans se lasser de les considérer. Cet exercice est d'un grand secours dans les temps de tentation et de tristesse: il faut alors se cacher et pénétrer bien avant dans les plaies du Sauveur, se jeter entre les bras de ce Dieu crucifié, méprisé insulté, abandonné, et mourant pour notre amour. Qu'une âme est heureuse, quand elle n'a d'autre appui sur la terre, que Jésus accablé de douleurs et de souffrances!

Quel ordre peut-on donner à ces différents états de Jésus-Christ, pour s'en occuper durant le cours de la semaine? - On en distingue sept qui peuvent servir d'entretiens pour tous les jours de la semaine. Par exemple, on peut le lundi s'occuper de l'incarnation et du séjour de Notre-Seigneur dans le sein sacré de la Vierge; le mardi, de son enfance, en commençant par le mystère de la nativité; le mercredi, de sa vie publique et de ses prédications; le jeudi, de sa résidence dans l'eucharistie; le vendredi, de sa pas

jures qu'il a reçues chez les pontifes, les dé-sion; le samedi, de sa mort; et le dimanche,

risions de la part d'Hérode, les clameurs du peuple chez Pilate, la préférence donnée à Barabbas, les malédictions dont il fut chargé, lorsqu'il était sur la croix; des tourments extérieurs, dont les principaux sont aussi au nombre de cinq; les coups de poing que lui donnèrent les soldats, la flagellation, le couronnement d'épines, son accablement et ses fatigues sous le fardeau de la croix, le crucifiement. Il faut qu'à force de se représenter toutes ces circonstances de la passion on les grave au fond de son âme, et que JésusChrist souffrant devienne le principe de notre vie et l'unique sujet de notre consolation. Nous avons parlé amplement de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans le chapitre précédent; nous n'en parlons ici qu'en passant et dans un nouvel ordre propre à faciliter les saints exercices qu'on pratique en l'honneur de ce Dieu-Homme. De tous ces exer

cices, le principal est celui qui regarde ses souffrances. Il faudrait, s'il se pouvait, ne

CATÉCH. PHIL. II.

de sa gloire. Ce soin que l'on prend d'adorer Notre-Seigneur régulièrement chaque jour, dans quelqu'un de ses états, de se remplir de ses mystères, et de s'en rendre la pensée familière, produit infailliblement une solide et continuelle dévotion envers Jésus-Christ.

Ne serait-ce pas une sainte pratique de s'entretenir des états et des mystères de Notre-Seigneur durant le cours de l'année, en suivant l'ordre selon lequel l'Eglise en renouvelle la mémoire ? - Il serait sans doute fort convenable et fort utile de porter dans son esprit une idée générale des principaux états du Fils de Dieu, afin d'en faire successivement le sujet de ses entretiens intérieurs pendant l'année. Pour se conformer à l'esprit de l'Eglise, il faudrait s'occuper du saint avénement du Sauveur et de son enfance depuis l'avent jusqu'à la septuagésime; de sa passion, jusqu'à Pâques; de son état glorieux, jusqu'à la Pentecôte; ensuite, de la venue du Saint-Esprit et de l'eucharistie; et le resto (Trente-huit.)

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de l'année, jusqu'à l'avent, des actions particulières de sa vie, de sa conversation avec les hommes, de sa prédication et de ses miracles. Ces idées générales de nos mystères font une impression plus douce et plus relevée que les idées particulières et donnent une merveilleuse facilité à s'entretenir avec Jésus-Christ.

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N'avez-vous point de pratique à donner pour assister à la sainte messe? Il faut se prosterner au commencement avec beaucoup d'humilité, lorsque le prêtre se prosterne, et demander à Dieu le pardon de ses péchés. Et comme la messe est une représentation de la vie et de la mort de Jésus-Christ, il faut en y assistant s'occuper de ces deux grands objets: penser à la naissance du Sauveur, au Gloria à ses prédications, quand

in excelsis;

le prêtre dit l'évangile; commencer dès l'offertoire à considérer les principales circonstances de sa passion; son entrée dans Jérusalem, lorsque le prêtre prononce ces paroles: Sanctus, Sanctus, Sanctus, Hosanna in excelsis; l'élévation de la croix, lorsqu'on élève l'hostie; lorsqu'on la partage, il faut penser à sa mort, et à sa sépulture, lorsqu'on met dans le calice la particule de l'hostie. On s'entretient de la sorte jusque vers la communion du prêtre; et alors on se prépare par une humilité profonde et par une contrition sincère, à s'unir avec JésusChrist, en faisant la communion spirituelle, qui consiste dans un désir ardent de recevoir ce Dieu-Homme. Le reste de la messe doit être employé en actions de grâces.

Quels exercices de piété peut-on pratiquer pour honorer la sainte Vierge? On doit s'intéresser à tout ce qui la regarde, y penser souvent, en faire le sujet de ses méditations et l'objet de ses complaisances. On distingue dans la sainte Vierge les joies qu'elle a reçues, les douleurs qu'elle a souffertes, les vertus qu'elle a pratiquées. On remarque aussi certaines actions et certaines circonstances de sa vie, qui sont le sujet des fêtes que l'Eglise célèbre en son honneur. C'est en se proposant souvent ces sortes d'objets qu'on se remplit d'estime et d'amour pour la sainte Vierge, et qu'on jette les fondements d'une dévotion particulièrement nécessaire aux personnes qui veulent devenir intérieures. Pour ce qui regarde les joies que la mère du Sauveur a ressenties, on en compte ordinairement six. Elle reçut la première, lorsque après la Salutation angélique elle conçut le Verbe divin dans ses entrailles, par l'opération du Saint-Esprit; la seconde, à la naissance de son fils; la troisième, lorsque après l'adoration des mages, Siméon et Anne, la prophétesse, célébrèrent les louanges de son fils; la quatrième, lorsqu'elle le retrouva dans le temple, après l'avoir cherché pendant trois jours; la cinquième, lorsqu'il lui apparut, après sa résurrection; la sixième, lorsqu'elle le vit monter triomphant au

ciel.

Quelles sont les principales douleurs de la sainte Vierge? - Le nombre de ses douleurs égale celui de ses joies. Elle reçut la pre

mière le jour de la circoncision, lorsqu'elle vit son fils blessé et répandant son sang; la seconde, lorsque Siméon lui dit qu'elle aurait l'âme transpercée d'un glaive; la troisième, lorsqu'il fallut fuir en Egypte, pour se dérober à la persécution d'Hérode; la quatrième, lorsque Jésus demeura perdu pendant trois jours; la cinquième, lorsqu'on lui annonça que son fils avait été saisi et que l'on commençait à le tourmenter; la sixième, lorsqu'elle le vit expirer sur la croix. N'avez-vous point d'autre exercice pour honorer la sainte Vierge? - Il y en a un trèsutile; c'est la considération de ses vertus, de son humilité marquée dans ces paroles: Voici la servante du Seigneur; de son grand amour pour la pureté, qui lui fit répondre à l'ange: Comment vela se fera-t-il? sais ce que c'est que d'avoir commerce avec un car je ne homme; de son obéissance qui a été le principe de cet admirable consentement: Que votre parole s'accomplisse en moi; de sa charité qui lui fit entreprendre un pénible voyage, pour visiter sa cousine Elisabeth; de sa patience dans les travaux et les persécutions, dans la disette de toutes choses au temps de son accouchement, et dans sa fuite en Egypte; de sa constance à demeurer ferme au pied de la croix. Il faut penser souvent à ces vertus et les savourer par la méditation; il y a des personnes qui se servent de cette pratique, en disant le chapelet, et zaine méditent sur quelqu'une des vertus de qui à chaque dila sainte Vierge. Comme l'Eglise honore plusieurs mystères dans la vie de la mère de Dieu aussi bien que dans la vie de JésusChrist, c'est un exercice très-saint que de se représenter souvent ces mystères, et surtout dans les temps où l'Eglise en renouvelle la mémoire. On en compte six qui donnent lieu aux six principales fêtes de la sainte Vierge, et qui sont sa conception, sa nativité, son annonciation, sa visitation, sa purification, sa mort et son assomption. Ces exercices, lorsqu'on les pratique avec assiduité, produisent bientôt un tendre amour et un saint attachement pour la mère de Dieu, ce qui est un des plus grands trésors que les personnes pieuses puissent posséder. L'expérience nous fait voir que ceux qui participent le plus à l'esprit de Jésus-Christ se lient étroitement à la sainte Vierge; qu'ils la regardent comme leur mère, et qu'ils éprouvent qu'elle est la dispensatrice des grâces et le canal par lequel les bénédictions du ciel découlent sur nous. On peut joindre à ces exercices quelques devoirs particuliers, par exemple, se consacrer au service de cette Beine des anges, les jours qu'on célèbre ses fêtes; jeûner le samedi en son honneur, et autres pratiques semblables.

Quels exercices de piété prescrivez-vous en l'honneur des anges? chacun doit avoir une dévotion particulière Premièrement, envers son bon ange, se recommander souvent à lui, et conserver un souvenir plein de reconnaissance des obligations qu'il lui a. Nous devons aussi dans le besoin nous adresser aux anges gardiens des personnes

avec lesquelles nous traitons, afin de les engager à favoriser les bonnes intentions que nous avons pour ces personnes. Secondement, il faut avoir recours aux anges tutélaires des lieux, des nations et des pays où nous nous trouvons, lier avec eux une espèce de commerce familier; être bien persuadés qu'ils nous assistent dans nos travaux, qu'ils sont présents dans tous les lieux confiés à leur vigilance, et qu'ils s'intéressent particulièrement aux fonctions et aux exercices de la religion chrétienne, parce qu'ils exercent un ministère de charité pour le salut des âmes soumises à l'empire de Jésus-Christ.

Quels sont les devoirs de piété dont il faut s'acquitter envers les saints? Ces devoirs peuvent être aussi variés que les saints sont différents entre eux. Il est permis à chacun de suivre en cela sa dévotion et son attrait particulier. Rien n'empêche aussi qu'on ne distingue plusieurs ordres différents parmi les saints. Il y en a qui ont été les colonnes de l'Eglise, comme les apôtres auxquels on peut ajouter saint Joseph, saint Jean-Bapliste, sainte Anne, sainte Madeleine. On peut mettre dans le second ordre les Etienne, les Laurent et les autres grands martyrs, comme sainte Thècle, sainte Catherine, sainte Agnès, etc. Le troisième ordre renfermera les autres saints qui ont été successivement dans l'Eglise l'objet de la piété des fidèles : tels sont saint Grégoire Thaumaturge, saint Nicolas, saint Martin, saint Benoît, saint Bernard, saint Dominique, saint François, saint Vincent Ferrier, saint Bernardin, saint François de Paule, saint Ignace, saint François Xavier, sainte Thérèse, saint Charles Borromée. On peut régler sur ces différents ordres la dévotion envers les saints, et proportionner les hommages qu'on leur rend au caractère de leur sainteté et aux services qu'ils ont rendus à l'Eglise.

En quoi consistent ces hommages que l'on rend aux saints? - Ils consistent particulièrement à conserver le souvenir de leurs actions et des principaux endroits de leur vie; à honorer leurs reliques; à les invoquer souvent, et à leur demander qu'ils nous assistent pendant la vie et singulièrement à l'heure de la mort. Il serait très-utile d'en choisir un chaque jour et de se le proposer pour modèle, tâchant de l'avoir toujours présent, et s'entretenant intérieurement avec lui. Ou bien (pour ne pas changer si souvent) il faudrait, au commencement de chaque mois, jeter les yeux sur quelques-uns des saints dont on doit célébrer la fête, se mettre sous leur protection, s'entretenir avec eux et s'occuper de leurs principales vertus durant tout le mois. Par exemple, au mois de juillet, saint Jacques, sainte Anne, saint Alexis, saint Bonaventure, saint Ignace, pourraient servir de matière à cette sorte d'exercice. Il convient sur toutes choses que chacun ait une dévotion particulière au saint dont il porte le nom, qu'il n'en perde jamais le souvenir et qu'il l'invoque en tous ses besoins.

CHAPITRE VI.

De la vie parfaite.

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Qu'est-ce que la vie parfaite? - C'est celle où l'homme, après avoir beaucoup travaillé à sa perfection, avec les secours ordinaires de la grâce, n'agit plus de son propre mouvement, mais suit en tout la conduite et le mouvement du Saint-Esprit. On appelle cette vie l'état passif, parce que l'âme y reçoit des opérations de Dieu dont elle n'est que le sujet et qu'elle ne contribue à bien des choses qui se passent en elle que par le consentement qu'elle y donne.

Comment est-ce que Dieu opère dans les âmes qui sont dans cet état ? - Il y opère illuminant et en les embrasant de son amour. en trois manières : en les purifiant, en les

Par

Comment est-ce qu'il les purifie? trois sortes de souffrances, dont la première vient d'une terrible impression que la majesde Dieu fait sur elles; la seconde, d'une crainte excessive de la justice divine; la troisième, d'une forte impulsion au mal, Dieu permettant pour un temps que les vices les attaquent et fassent sur elles de vives impressions.

Comment est-ce que l'impression de la majesté de Dieu tourmente une âme? C'est par une représentation de la grandeur de Dieu, si vive et si terrible, qu'on a peine à le soutenir. C'est ce qui faisait dire à Job: Je ne voudrais point que Dieu combattit contre moi de toute sa force, ni qu'il m'accablat par le poids de sa grandeur (Job, XXIII, 6). Et dans un autre endroit : J'ai toujours craint Dieu comme des flots suspendus au-dessus de moi (Id., XXXI, 23). Cette peine est comme un poids immense sous lequel on se voit continuellement sur le point de succomber.

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Comment est-ce que la justice divine exerce à son tour une âme que Dieu veut purifier? En lui imprimant un sentiment de crainte qui ne la quitte jamais. Dans cette disposition, elle s'imagine voir en Dieu un censeur sévère qui ne veut point faire de grâce et qui la reprend durement en toute rencontre, sans lui donner le loisir de respirer. Il semble que le saint homme Job faisait cette terrible expérience, lorsqu'il disait : Jusques à quand diffèrerez-vous de m'épargner et de me donner quelque relâche, afin que je puisse peu respirer (Id., VII, 19)? L'âme ainsi pressée par la crainte tremble sur toutes ses actions; et comme si Dieu était devenu son ennemi, elle lui dit quelquefois : Pourquoi m'avez-vous mise dans un état contraire à vous (Id., 20)? Il lui semble même en certains temps que Dieu s'applique à la trouver coupable; et alors elle lui dit : Regardezvous les choses comme un homme les regarde, pour vous informer de mes iniquités et faire une exacte recherche de mon péché (Id., X, 46)? Le démon de son côté travaille à augmenter le trouble où il voit cette âme plongée; il la remplit de fausses idées qui tendent å lui persuader que Dieu l'a abandonnée. Dans ce triste état elle se sent poussée à dire, comme Job: Que le jour auquel je suis né, pé

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