Des criminelles au village: Femmes infanticides en Bretagne (1825-1865)

Couverture
Presses universitaires de Rennes, 9 juil. 2015 - 460 pages

En droit français, le terme infanticide désigne le meurtre commis sur un enfant dans les trois jours suivant sa naissance, qui correspondent au délai légal de sa déclaration à l’état civil. C’est dire que ce crime est avant tout celui de l’illégitimité et qu’il frappe particulièrement les enfants dont la naissance doit demeurer clandestine. Entre 1824 et 1863, le législateur s’efforçant de l’adapter à l’état d’esprit des jurés qui répugnent à infliger la mort aux mères coupables, remanie par trois fois la pénalité de l’infanticide. Au cours de la même période, près de 600 affaires ont été portées devant les tribunaux bretons. La Bretagne, réputée pour sa ferveur religieuse et considérée par les ethnologues comme un véritable conservatoire des traditions, connaît un taux d’infanticide légèrement supérieur à la moyenne nationale. Doit-on y voir le signe de l’intolérance des populations rurales – qui fournissent l’essentiel des accusées – à l’égard des grossesses illégitimes ou bien, au contraire, un indice de l’affaiblissement des structures traditionnelles d’encadrement des conduites, autorisant une forme de vagabondage sexuel ? Les sources judiciaires permettent de reconstituer une grande partie des crimes. Elles éclairent la personnalité des femmes mises en accusation, leur vie quotidienne, leurs amours, le regard que portent sur elles les communautés villageoises. La pesanteur du contrôle exercé sur les femmes seules, la sévérité avec laquelle sont traitées les déviances, mettent en lumière la place qu’occupe la réputation dans le système de valeurs des ruraux et démontrent que l’infanticide est profondément arrimé à la problématique de l’honneur et de son envers, la honte.

Autres éditions - Tout afficher

À propos de l'auteur (2015)

Docteur en histoire, Annick Tillier est également conservateur en chef à la Bibliothèque nationale.

Informations bibliographiques