Le problème de l'être chez Aristote: essai sur la problématique aristotélicienne" Le problème de l'être est le moins naturel de tous les problèmes " ARISTOTE. Résoudre l'aporie, au sens de " lui donner une solution ", c'est la détruire ; mais résoudre l'aporie, au sens de " travailler à sa solution ", c'est l'accomplir. Nous croyons avoir montré que les apories de la métaphysique d'Aristote n'avaient pas de solution, en ce sens qu'elles n'étaient pas résolues quelque part dans un univers des essences ; mais c'est parce qu'elles n'ont pas de solution qu'il faut toujours chercher à les résoudre et que cette recherche de la solution est finalement la solution elle-même. Chercher l'unité, c'est l'avoir déjà trouvée. Travailler à résoudre l'aporie, c'est découvrir. Ne jamais cesser de rechercher ce qu'est l'être, c'est déjà avoir répondu à la question : Qu'est-ce que l'être ? Ce n'est pas à la tradition, quelle qu'elle pût être, qu'il appartenait de ressaisir ce commencement toujours commençant, cette scission toujours dissociante et cet espoir toujours renaissant. Transmettre l'ouverture, c'est la clore : Aristote, comme en témoigne l'histoire des lendemains immédiats de l'aristotélisme, était moins le fondateur d'une tradition que l'initiateur d'une question dont il nous a averti lui-même qu'elle demeurait toujours initiale et que la science qui la pose était éternellement " recherchée ". PIERRE AUBENQUE. |