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leur serait plus élevée chez les prostituées, chez les femmes criminelles, et surtout chez les hommes criminels. D'après Nardelli, chez les paaanoïques, la sensibilité à la chaleur est un peu augmentée; la sensibilité au froid semble diminuée. Chez les mélancoliques on trouve de l'hypoesthésie thermique, de même que chez les déments paralytiques.

Quant aux animaux, il paraît certain que leur sensibilité dolorifique est très obtuse.

On voit par conséquent qu'il existe un lien très étroit entre la sensibilité à la douleur et le développement de l'intelligence. Il ne saurait en être autrement, du moment que la douleur a pour fonction la défense de l'individu par un acte réfléchi et conscient.

CHAPITRE IX. De quelques caractères physiologiques et psychologiques de la douleur. La douleur est une sensation, puisque par sensation on entend l'état de conscience qui succède à l'excitation d'un organe des sens; mais la douleur a quelques caractères très particuliers, qui la font distinguer des autres sensations. Sa tonalité ne peut correspondre au plaisir ni à l'état moyen d'indifférence. mais elle est toujours désagréable pour l'être sentant. En outre, cette tonalité de la douleur possède une intensité extrêmement grande, en sorte que la douleur tout en étant une sensation par son mode d'origine, est un sentiment par sa répercussion dans la conscience. La douleur se distingue en outre par son irradiation, par son intermittence, par son addition latente et par son retard dans la perception. Alors que le temps de la réaction nerveuse est égal à 150 millièmes de seconde pour les excitations tactiles et acoustique, à 200 millièmes de seconde pour les excitations optiques. il est égal à 900 millièmes de seconde pour la douleur.

CHAPITRE X. Théorie biologique de la douleur. Son rôle phylactique. La sensibilité de relation a dans sa naissance et son développement un but, qui est la conservation; la sensibilité et le mouvement constituent les moyens de défense de l'être vivant. Nous sommes organisés de telle sorte que ce que nous craignons le plus, c'est la douleur. Nous fuyons toutes causes de destruction et de perversion de nos tissus.

69.

V. KIPIANI.

- Changements organiques et sentiments, par JOHN F. SHEPARD. The American Journal of psychology, octobre 1906, p. 522-585. L'intention de l'auteur a été d'éprouver les réactions organiques qui accompagnent les différents processus mentaux, en se référant spécialement à la théorie des trois dimensions des sentiments de Wundt.

Les processus étudiés furent le changement dans le volume de la main; dans le volume du cerveau, dans l'allure du cœur et dans une certaine mesure la profondeur et l'allure de la respiration, la forme et la mesure des pulsations plethysmographiques dans le cerveau et la main.

Les résultats expérimentaux furent les suivants : l'auteur trouve que les

sentiments ne peuvent être classés sur les modifications vasomotrices ou sur celles de l'allure du cœur. Il n'y a pas de relation inverse même entre les sentiments de plaisir ou de déplaisir concomitants.

La théorie des trois dimensions exigerait que l'effort produisît une pulsation longue et le repos une pulsation plus courte, mais les résultats obtenus prouvent le contraire. Les états d'excitation agréable ou ceux de dépression agréable donnent distinctement des pulsations plus rapides et une chute de volume.

L'auteur est donc d'accord avec les théories de Wundt et de Lehmann ; le cerveau ne décroit pas de volume lors d'un stimulus agréable, et le nombre des pulsations du cerveau ne décroît pas avec la sensation désagréable.

En résumé, toute activité nerveuse modérée tend à contracter les vaisseaux périphériques et à accroître le volume et le nombre des pulsations du cerveau. Toute activité nerveuse modérée accroît de même l'allure du cœur. De violents stimuli causent à la fois un effet d'excitation et d'inhibition qui est spécialement remarqué dans l'allure du cœur. Ils causent aussi une double réaction dans le cerveau. Les effets les plus marqués se produisent aux périodes de changement, particulièrement lorsqu'intervient un nouveau stimulus. Enfin l'activité d'une partie ou la prédominance de sensations dans cette partie tend à contrarier la constriction dans cette partie. L'auteur explique les résultats de la façon suivante. Il est probable que toute activité nerveuse modérée cause aussi la constriction des vaisseaux splanchniques.

Les violents stimuli semblent avoir à la fois sur eux un effet d'excitation et d'inhibition.

Les résultats sur les mouvements du cœur peuvent être dus à un effet sur le nerf vague et les centres d'excitation.

L'accroissement de volume du cerveau est dû probablement, en partie du moins à la pression du sang accrue par la constriction de la périphérie. Ce n'est pas l'attention qui cause le changement. Cela peut être simplement réflexe, en quoi l'auteur est en désaccord avec Lehman. En tout cas ceci est indiqué par des expériences faites pendant le sommeil. Un contrôle local dans le cerveau au moins par la constriction est indiqué, mais l'auteur laisse cette question pendante pour le moment. Peut-être le fait que l'activité d'une partie tend à contrarier la constriction est dû à l'action des nerfs vaso-dilatateurs. Le contrôle circulatoire dépend des processus physiologiques qui varient avec ceux qui les emploient.

Abel REY.

70. L'intellectualisme et la théorie physiologique des émotions, par M. MAUXION. Revue philosophique, mai 1906, p. 498 (22 pages).

Essai de conciliation entre les deux théories adverses de l'émotion au profit de la théorie intellectualiste.

Langes, James et Ribot n'ont considéré que l'élément « formel » de l'émotion. Ils ont négligé d'étudier les sentiments primitifs de plaisir et de douleur qui sont à l'origine de l'émotion. Il y a des plaisirs et des douleurs inhérents à l'harmonie et à l'opposition des représentations et « c'est en somme à des harmonies ou à des oppositions de ce genre que peuvent se ramener non seulement les phénomènes affectifs de nature cérébrale dont le Dr G. Dumas soupçonne à bon droit l'existence à l'origine des émotions, mais encore les faits affectifs de nature périphérique auxquels James réduit la sensibilité tout entière. » L'harmonie et l'opposition des représentations étant liées à l'accord ou au désaccord des mouvements cellulaires, représentations et mouvements étant l'expression d'une même activité, la théorie physiologique demeure compatible avec la théorie intellectualiste.

71.

L. DEBRICON.

Sur les caractères spécifiques de la passion, par Tн. Ribot.
Actes du Ve Congrès International de Psychologie, p. 510.

Il y a dans le domaine des sentiments trois formes principales de phėnomènes 1o Les états affectifs; 2o les émotions (œuvre de la nature). 3o les passions (œuvre de l'homme). Le premier caractère des passions c'est l'existence d'une idée fixe toujours agissante, toute passion est la spécialisation d'une tendance concrétée en une idée qui donne à cette tendance la pleine conscience d'elle-même et de son but. Le second caractère est la durée, le troisième l'intensité. La passion s'oppose par son caractère intellectuel et par sa durée à l'émotion. Elle s'oppose aux états affectifs ordinaires par son intensité et sa durée.

Paul KAHN.

72.

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V.

MÉMOIRE, IMAGINATION ET OPERATIONS INTELLEctuelles

Sur la perception extérieure, par H. DEHOVE. Revue de philosophie, 1er octobre 1906 (14 pages) et 1er novembre 1906 (16 pages), Quelques nombreuses que soient les théories de la perception extérieure, elles peuvent se ramener à deux groupes, suivant que l'on admet que, dans l'acte de la perception, l'esprit saisi immédiatement, perçoit, ou bien la réalité extérieure elle-même (perceptionnisme ou illusionisme: Hamilton, Garnier), ou bien seulement ses propres états, des sensations, à l'occasion desquelles en les interprétant, il conçoit la réalité externe (conceptionnisme, qui est susceptible de revêtir une triple forme, suivant que cette interprétation des sensations est spontanée et naturelle théorie de l'innéité Reid; ou empirique théorie de l'illusion, Stuart Mill, Taine; ou rationnelle : théorie de l'inférence, Descartes, Cousin). Entre ces théories, dont les unes ne veulent rien donner à la perception et dont les autres surannées pourla plupart, prétendent tout expliquer par elle, D. estime qu'il y a place, une

place honorable, pour une doctrine moyenne et plus compréhensive, qui accorderait simplement quelque chose à la perception. Montrant tour à tour la part de vérité et la part d'erreur du perceptionnisme, de l'illusionnisme, de la théorie de l'inférence, il vise à établir une « synthèse explicative» de ces théories.

Dans ces deux premiers articles, D. donne la critique de la théorie illusionniste, s'attachant à montrer qu'elle est impuissante à rendre compte de l'idée d'existence distincte en général, de l'idée de non-moi, d'objet ; car elle suppose toujours de toutes façons (soit par la construction de l'objet, à l'aide d'associations, soit par la tendance naturelle de toutes les représentations sensibles à s'objectiver) la notion même dont elle veut éclaircir l'origine, la notion d'objet. Dans cette discussion, quelques pages sont consacrées au rôle de l'imagination dans la perception, dont D. ne songe pas à contester toute l'importance. Il donne d'intéressants exemples de ce que quelques auteurs ont appelé la « continuité imaginative », c'est-à-dire du fait que « notre perception est, en maintes circonstances, discontinue et fragmentaire, qu'il y reste des vides, des blancs, et que c'est l'imagination (reproductive surtout) qui les remplit. » Ainsi, dans la lecture rapide d'un texte fautif, spontanément et inconsciemment on « supplée imaginativement » des lettres qui manquent ou on corrige les coquilles; de même, en pays étranger, on comprend d'autant mieux les réponses aux questions posées, qu'elles peuvent plus aisément être conjecturées: c'est que « les mots imaginés du dedans, s'appliquant aux mots entendus au dehors, les rendent plus intelligibles. » Et D. rappelle qu'on a même cru pouvoir déterminer << au moins, pour une part, pour les sensations de la vue, la condition physiologique de ce fait général de la continuité imaginative, plus exactement du caractère discontinu de la perception qui y donne lieu. »> (lacunes constatées par Wiendt dans la mosaïque des cônes et des bâtonnets de la rétine, lacunes qui devraient se traduire par des blancs dans nos sensations visuelles, « si précisément l'imagination n'achevait à leur égard la représentation de l'objet ». En outre, la petite tacbe de la rétine bien connue sous le nom de punctum cæcum, entièrement dépourvue de bâtonnets et de cônes, insensible à toute action lumineuse, sans qu'il y ait pourtant « des trous dans nos perceptions »).

73.

H. MOULINIÉ.

De l'analyse de la mémoire consciente étude des images mentales et du souvenir des formes visuelles sans signification. (On the analysis of the memory consciousness a study in the mental imagery and memory of meaningless visual forms); par F. KULHMANN. The Psychological Rewiev, t. XIIII no 5, p. 316, septembre 1906 (32 pages).

Cette étude à un double but 1° déterminer la nature des images dans le rappel d'un objet donné; 2° déterminer la nature des erreurs de la mémoire et des causes qui la produisent. Elle diffère des travaux précé

dents sur la mémoire en ce qu'il n'y est pas question du point de vue quantitatif. Dans les expériences instituées en vue de résoudre ce problème les sujets devaient regarder une seule fois un certain nombre de formes visuelles et les reproduire par le dessin immédiatement après, puis à différents intervalles de temps, et les décrire verbalemeut ensuite. L'auteur met ainsi en lumière le rôle de l'association, des impulsions motrices, de la forme, de la fréquence des rappels, etc. dans la formation de ces souvenirs.

74.

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L.-C. HERBERT.

Physiologie et psychologie de l'attention (Evolution, dissolution, rééducation, éducation), par JEAN-PAUL NAYRAC. Préface de Th. Ribot. Ouvrage récompensé par l'Institut, 1 vol. in 8° de la Bibliothèque de philosophie contemporaine. Alcan, éditeur 1906. Bibliographie

p. 212, 223.

<< Placée aux plus hauts sommets dans la hiérarchie des phénomènes psychiques », « parente de la mémoire, de l'association des idées et sœur jumelle de la volonté, l'attention a pour ennemis les plus sérieux l'émotion et le sentiment ». Elle est accompagnée de nombreuses réactions organiques (chapitre п Physiologie de l'attention): immobilité relative et tension volontaire des muscles, augmentation de l'acuité des sens externes, inhibition ou accélération respiratoires et circulatoires, vaso-dilatation cérébrale, augmentation de température traduisible par une très forte émission de rayon N, modifications dans les échanges nutritifs de tout notre système d'absorption et de digestion, diminution des globules rouges, etc. N. identifie les fatigues physiques et psychiques, et après avoir indiqué l'influence des toniques du système nerveux sur l'attention, il parle des oscillations de l'attention, de son interruption plus ou moins complète dans le sommeil et les rêves, et, convaincu de l'origine centrale de l'attention, il en propose provisoirement cette définition psycho-physiologique : « elle est le sentiment de tension psychique qui nait pour partie, de l'action de phénomènes cervicaux et, ponr autre partie, de la contraction tonique générale, volontaire ou spontanée de nos muscles. Elle se manifeste toujours au début par des phénomènes organiques et cérébraux accompagnés de phénomènes organiques périphériques. Elle est conditionnée par un mécanisme « inhibito actif ». Unie à l'effort et à la volonté, elle constitue notre faculté d'adaptation mentale ».

Le chapitre II (Psychologic de l'attention) nous apprend que l'attention, qui « se réduit, en définitive, à la sensation générale d'efforts psychiques », clarifie nos sensations, augmente la vitesse de nos processus nerveux, crée des souvenirs, des images, des associations d'idées heureuses et originales « afin d'atteindre méthodiquement, rationnellement le but d'adaptation mentale qu'elle s'est proposée ».

Dans les chapitres v et v (Physiologie et psychologie pathologique de

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