admiré ou imité que les actions de Jupiter, livré à toutes fortes de crimes, que celles de Venus plongée dans la débauche, de Mercure, livré au vol & au menfonge; & rien n'eft moins capable de fatisfaire une ame qui à de la droi ture. D. Quel ufage peut-on faire des Fables par rapport aux mœurs? R. Elles font voir que malgré la corruption des hommes, ils n'ont pu cependant s'empêcher d'infpirer des principes de morale; Cérès eft mife au rang des Di. vinités, pour avoir appris aux hommes des chofes utiles; preuve qu'il eft toujours avantageux d'ê tre bienfaifant: la Fable d'Icare, précipité dans la mer, nous aver. tit de ne point trop préfumer de nos forces: Tantale, qui fouffre une foif ardente au milieu des éaux, doit apprendre aux Avares à faire un emploi fage des biens que la Providence leur a confiés. Enfin l'on prétend que les Fables d'Homere font des tableaux de la vie humaine, où l'on blâme tout ce qui eft mauvais & pernicieux, où au contraire on loüe ce qui eft loüable & utile. INSTRUCTION L Hiftoire de la Fable eft une des plus utile pour le cours des Etudes, touty rappelle dans les Livres que l'on met entre les mains des Enfans; ils ne trouveront que de l'obfcurité dans tout ce qu'on leur fait apprendre, fur-tout dans les Poëtes, fi lon n'a foin de les prévenir fur l'Hiftoire de Jupiter & des autres Divinités. Ainfi j'ai cru qu'avant de les inftruire de Hiftoire Grecque, je devois leur faire connoitre Hiftoire fabuleuse des anciennes Divinités, qui en eft le principe & la fource. Cette Hiftoire eft même néceffaire pour une infinité de lectures que l'on eft obligé de faire tous les jours. Je dirai néanmoins que je n'ai donné que les principes de cette Hiftoire par tout ce que j'ai rapporté dans les Leçons précedentes; mais pour s'en inftruire plus à fond, & pour entrer avec les Enfans dans un plus grand détail de la Fable, il y a beaucoup de Livres inftructifs & fçavans : cependant il vaut beaucoup mieux fe reftraindre que s'étendre: il faut inftruire, mais non pas accabler. Le Pere Gautruche, de la Compagnie de Jefus, avoit donné il y a Long-tems une Hiftoire Poëtique, pour l'intelligence de la Fable; elle a eu beaucoup de cours, quoiqu'elle fût assez imparfaite: mais dans les dernieres Editions on l'a extrêmement perfectionnée fur les Obfervations de M. l'Abbé B.. ・on peut aujour d'hui la regarder comme un bon abregé de l'Hiftoire fabuleufe des antiques Divinités : cependant on ne peut en faire ufage que pour l'Histoire Grecque & pour la Romaine ; il faut pour les autres natures d'Hiftoires, recourir à d'autres Livres. Le P. Jouvenci, de la mème Compagnie, a publié depuis un petit abregé de l'Hiftoire fabuleufe fous le titre, Appendix de Diis & Heroïbus Poëticis; ou abregé de l'Histoire Poëtique, qui traite des Dieux & des Héros de la Fable: le fond de ce petit ouvrage, que l'on joint quel quefois aux Métamorphofes d'Ovide, commentées par ce Pere, n'eft pas entierement de lui,il eft traduit furl Hif toire Poëtique du Pere Gautruche. fon Confrere:ily a mis des remarques, y a joint quelques Additions; ainfi on peut fe fervir indifferemment de ces deux Livres. Mais nous avons quelque chofe de plus détaillé, foit dans les Méta morphofes d'Ovide, foit dans l'excellent ouvrage de M. l'Abbé Banier, fur l'Explication des Fables. Ovide eft un Auteur original, qui joint à l'agrément de la Poëfie tout le détail de la Théologie Payenne : il a eu befoin néanmoins de Commentateurs, pour expliquer ce que l'éloignement des tems avoit rempli d'obfcurité. Fufques ici le Commentaire de M. du Ryer avoit eu beaucoup de réputation; mais les remarques que M. l'Abbé Banier a données depuis quelques années fur ce Poëme, fuffifent pour en avoir une explication ratfonnable. C'est à quoi je me bornerois, parce qu'il a eu foin de remonter à la fource de la Fable, qui eft toujours fondée en Hiftoire. Qu'on me permette encore de renvoyer au premier ouvrage de M. l'Ab. be Banier, c'est celui de l'Explication hiftorique des Fables; Livre capital pour connoitre non-feulement l'Histoire fabuleufe des anciennes Divinitės, |