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participent à cette décussation, ou s'il y en a un certain nombre qui continuent de marcher du même côté.

4o Chiasma des Mammifères et de l'homme. Là point de structure lamelleuse. Les fibres des deux nerfs éprouvent une décussation partielle dans le chiasma; celles qui ne se croisent pas continuent de marcher du même côté. Cette conformation est plus facile à apervoir chez les animaux que chez l'homme.

La structure intime de la rétine a été déterminée dans ces derniers temps par une découverte de Treviranus (1) et par les observations de Gottsche (2).Cette membrane se compose de trois couches principales, une externe pultacée ou granuleuse, une médiane formée de fibres nerveuses, et une interne formée de cylindres, qui sont la continuation de la couche fibreuse. Le nerf optique se divise en cylindres nerveux, qui s'épanouissent en rayonnant dans la couche médiane ou fibreuse. Chaque cylindre nerveux ou chaque faisceau de cylindres s'écarte, suivant Treviranus, de la direction horizontale à un certain point de son trajet, et se dirige vers le côté interne de la rétine, où il se termine en manière de papille. Le diamètre transversal des cylindres était de 0,001 millim. chez le Hérisson; celui des papilles de 0,0033 chez le Lapin, et de 0,002 à 0,004 chez les Oiseaux. Dans la Grenouille, il est de 0,0044 pour les cylindres, et de 0,0066 pour les papilles. Examinée à l'état frais, la rétine offre sur sa face interne, dans toutes les classes d'animaux vertébrés, de petits cylindres, pressés les uns contre les autres, dont les extrémités regardent l'intérieur de l'œil. Ces cylindres se détachent facilement, et flottent alors librement dans le champ du microscope. Chez les Poissons, ils sont pourvus de petits renflemens ou de papilles, dont Gottsche a donné la description.

(1) Beiträge zur Aufklaerung des organischen Lebens. Breme.

(2) Dans PFAFF, Mittheilungen aus dem Gebiete der Medicin, 1836, Cah. 34.

Les extrémités des cylindres nerveux à la face interne de la rétine ne peuvent être étudiées qu'à l'état frais; après la mort, elles s'altèrent d'une manière rapide, et il suffit de quelques heures, surtout en été, pour qu'on ne puisse plus rien distinguer de la texture de la membrane; on n'aperçoit plus alors, au lieu de cylindres, qu'une couche grenue, qui est celle qu'avaient signalée les anciens anatomistes. Quelque certain qu'on soit de l'existence des trois couches de la rétine, et de celle des cylindres dans la plus interne de toutes, on ne s'explique pas bien la connexion de ces corps avec la couche fibreuse, ni la manière dont elle a lieu. On se demande surtout si le nombre des cylindres ne correspond qu'à celui des fibres nerveuses, ou s'ils sont implantés en séries sur les fibres de la couche fibreuse.

II. Théorie de la vision d'après la structure des yeux.

La théorie de la vision est différente suivant 1° que l'œil se compose de cônes transparens rayonnés, dont les parois sont couvertes de pigment, et qui ne laissent parvenir aux fibres du nerf optique placées au fond du cône que la lumière tombant dans l'axe de celui-ci, comme chez les Insectes et les Crustacés à yeux composés; 2o que l'œil possède des moyens dioptriques de réunir la lumière, une cornée, avec ou sans humeur aqueuse, un cristallin et un corps vitré, comme les yeux simples des Insectes, des Arachnides, des Mollusques et des animaux vertébrés.

A. Vision au moyen d'yeux composés et de milieux dioptriques isolés par du pigment.

La vision chez les Insectes et les Crustacés à yeux composés est d'autant plus intéressante, qu'elle diffère totalement de celle qui s'accomplit au moyen d'un œil semblable à celui de l'homme, et qu'elle nous permet d'approfondir la nature de la fonction elle-même.

Tant qu'on négligea les cônes translucides et couverts de pigment sur les côtés, qui sont placés entre la cornée et les fibres du nerf optique, et qu'on supposa ces dernières prolongées jusqu'aux facettes de la cornée, la vision des Insectes demeura complétement énigmatique. Si les fibres du nerf optique s'étendaient jusqu'à la cornée, chaque point situé au devant de l'œil, a, b, c, d, projetterait de la lumière sur toutes ces fibres à la fois, c'est-à-dire que l'animal ne distinguerait point a, b, c, d, et n'aurait que la sensation d'une certaine impression résultant du mélange de toutes les diversités. Mais les cônes ne laissent parvenir à leurs fibres nerveuses correspondantes que la lumière qui frappe l'œil dans le sens de leur axe, et toute celle qui rencontre leurs parois obscures se trouve absorbée par elles. De cette manière, chaque cône représente une partie aliquote de l'image, et l'image se compose, à l'instar d'une mosaïque, d'autant de parcelles qu'il y a de cônes, en sorte que sa netteté doit être en raison du nombre de ces derniers.

1. Degré de netteté de l'image.

La netteté de l'image qui se projette dans l'oeil des Insectes et des Crustacés dépend de causes tout autres que celles qui la produisent dans celui des animaux pourvus d'appareils transparens propres à réunir la lumière. Ici elle a pour condition que la rétine se trouve précisément au foyer de la lentille. Là, au contraire, elle ne tient qu'à la grandeur de l'œil et au nombre des cônes ou facettes qui concourent à la production de l'image. Un œil qui possède douze mille appareils isolateurs doit aussi pouvoir distinguer douze mille parcelles du champ visuel sans confusion. Mais lorsqu'il n'y a qu'un petit nombre de ces organès, chaque cône et chaque facette apporte à l'impression totale celle d'une beaucoup plus grande étendue du champ visuel. En effet, toutes celles des particules d'un corps qui envoient leur lumière au même cône et à sa

fibre nerveuse ne peuvent point être distinguées les unes des autres, et elles ne sont représentées que dans une impression commune mixte. La longueur des cônes doit également influer sur la netteté de la vue chez les Insectes et les Crustacés: car plus elle est considérable, plus la lumière qui vient de côté se trouve écartée, plus les rayons qui parviennent à la fibre nerveuse sont rapprochés de l'axe du cône.

2. Vue de près et de loin.

Il résulte des considérations précédentes qu'entre les yeux à mosaïque et les yeux à cristallin, une grande différence existe eu égard à la vue de près et de loin. Les yeux à mosaïque sont également bons de loin et de près, et la distance des objets n'exige pas qu'il s'opère de changement en eux : car, qu'il soit proche ou éloigné, l'objet qui envoie sa lumière suivant l'axe d'un cône est toujours vu distinctement comme point. A la vérité, le nombre des unités qui se représentent comme point seulement doit augmenter avec la distance de l'objet į mais il n'y a point ici de cercles de diffusion, et nul changes ment intérieur de l'œil n'est nécessaire pour porter remède à ce défaut. Au contraire, chez les animaux pourvus de milieux propres à rassembler la lumière, la netteté de l'image dépend non seulement de l'éloignement des objets, mais encore de la juste proportion dans la distance de la rétine au cristallin, c'est-àdire de celle à laquelle les rayons lumineux coïncident ensemble, et cette distance varie, comme je l'ai expliqué plus haut, suivant qu'un intervalle plus ou moins grand séparé l'œil de l'objet aussi est-il nécessaire, dans ces sortes d'yeux, qu'il s'opère des changemens intérieurs, sans lesquels ils ne pourraient voir distinctement qu'à une distance déterminée.

3. Etendue du champ visuel.

L'étendue du champ visuel des Insectes peut être déduite avec la plus grande exactitude de la forme de l'œil : car, comme il n'y a jamais de vu que ce qui tombe dans l'axe des

cônes, c'est-à-dire dans les rayons de l'œil, en prolongeant par la pensée les axes des cônes qui sont placés sur les bords de ce dernier, on a exactement l'étendue du champ visuel d'un Insecte ou d'un Crustacé. En d'autres termes, plus le segment de sphère que représente l'œil d'un Insecte est grand, plus le champ visuel de l'animal est étendu, et vice versá.

Fig. 24.

E

F

ת.

Un œil ayant la forme d'une moitié de sphère fig. 24 AB représente tout ce qui se trouve placé au devant de lui, depuis le rayon A jusqu'au rayon B. Celui qui n'est que le segBment de sphère C D,

ne représente non plus que les objets compris entre les prolongemens des rayons C et D. Pour un œil réduit au seg. ment de sphère EF, le champ visuel est bien plus réduit encore. Or, comme la grandeur du segment de sphère diminue en raison de l'aplatissement de l'œil, on peut exprimer la proposition dans les termes suivans: Plus l'œil d'un Insecte est plat, et moins le champ visuel de l'animal a d'étendue, tandis que plus l'organe est convexe, et plus aussi le champ visuel devient étendu. Ainsi, par exemple, une Libellule a un champ visuel très-considérable, parce que son œil représente plus de la moitié d'une sphère : l'animal doit donc bien voir en avant, en arrière et sur les côtés ; ses mouvemens nous prouvent que les choses se passent réellement ainsi, car ils sont prompts, vifs, sûrs, et souvent se déjettent tout à coup de côté. Les yeux plats d'une Punaise d'eau, qui s'élèvent à peine au dessus du sommet de la tête, et qui ne représentent que de très-petits segmens de sphère, doivent avoir un champ visuel rétréci. Chez les Naucores et les No

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