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R. On les appelle les actions humaines. 6. D. Qu'y a-t-il à confidérer dans les actions humaines?

R. Il y a trois chofes à confidérer dans les actions humaines, l'objet, la fin & les circonftances.

7. D. Qu'est-ce que l'objet ?

K. C'est la chofe à laquelle notre volonté fe porte, ou de laquelle elle s'éloigne. 8. D. Qu'est-ce que la fin?

R. C'est ce à quoi nous rapportons notre action, ou ce pourquoi nous la faifons.

9. D. Qu'entendez-vous par les circonftances?

R. C'est ce qui accompagne l'action, comme la qualité de la perfonne qui agit, le lieu, le tems & la maniere dont fe fait l'action.

10. D. Donnez-un exemple de ces trois chofes, c'est-à-dire, de l'objet, de la fin & des circonftances dans une aumône que vous faites pour obtenir le pardon de vos péchés.

R. L'objet de l'aumône que je fais, eft la mifere du pauvre que je foulage; la fin que je me propofe, eft le pardon de mes péchés que j'efpere obtenir de Dieu par ce moyen; les circonftances font, que je fuis pauvre moimême, & que je fais cette aumône d'une partie de mon néceffaire, que je la fais en fecret, fouvent & promptement.

11. D. Pourquoi avez-vous dit que nous devons principalement confidérer dans les actions humaines, l'objet, la fin & les circonftances?

R. Parce que c'eft l'objet, la fin & les cir

conftances qui rendent une action humaine bonne ou mauvaise.

12. D. Qu'est-ce qu'une bonne action?

R. C'eft celle dont l'objet eft bon, & qui eft faite pour une bonne fin, & dans de bonnes circonftances; par exemple, aimer Dieu affifter le prochain dans fes befoins, pour l'amour de Dieu.

13. D. Qu'est-ce qu'une action mauvaise ? R. C'eft celle qui a un objet mauvais, ou qui eft faite pour une mauvaise fin, ou dans de mauvaifes circonstances.

14. D. Quelle fin devons-nous nous propofer dans toutes nos actions?

R. Nous devons nous propofer dans toutes nos actions, la gloire de Dieu, & notre falut éternel.

15. D. Toute autre fin feroit-elle mauvaife? R. Nous pouvons avoir d'autres fins, mais il faut les rapporter toutes à la gloire de Dieu,, & à notre falut; par exemple, un pere de famille peut travailler afin de faire fubfifter fes enfans; mais il doit en même tems le faire dans la vue d'obéir à Dieu, qui lui ordonne d'avoir foin d'eux..

16. D. Est-ce que nous devons avoir l'in tention d'agir pour la gloire de Dieu dans toutes nos actions..

R. Il eft impoffible que pendant cette vie nous penfions actuellement à Dieu dans toutes nos actions; mais nous devons du moins avoir dans toutes nos actions l'intention vir-tuelle d'agir pour la gloire de Dieu..

17. D. Qu'est-ce que cette intention vir

tuelle d'agir pour la gloire de Dieu ? R. C'eft un defir de plaire à Dieu, qui per févere moralement dans toutes nos actions, enforte que nous agiffons en vertu de ce defir, quoiqu'il ne soit pas actuel.

18. D. Donnez-moi un exemple d'une intention virtuelle dans les actions humaines?

R. Un homme fort de fa maison pour aller à l'Eglife; pendant le chemin, il a intention d'aller à l'Eglife, & marche à caufe de cette intention, quoiqu'à chaque pas qu'il fait, il n'y pense pas actuellement.

19. D. Que devons-nous faire pour avoir cette intention virtuelle ?

R. Nous devons, au commencement de la journée, former une fincere réfolution de faire toutes nos actions pour la gloire de Dieu, & renouveller fouvent cette réfolution pendant la journée.

1. D.

LEÇON I I.
De la Confcience.

UELLES font les regles des actions
humaines ?

R. Il y en a deux; la confcience & la loi. 2. D. Pourquoi la confcience & la loi fontelles les regles de nos actions?

R. Parce que nous devons faire nos actions fuivant la confcience & la loi.

3. D. Qu'est-ce que la confcience?

R. C'eft un jugement actuel, qui nous dicte ce que nous devons faire ou éviter dans chaque occafion.

4. D. Combien y a-t-il de fortes de confciences?

R. Il y a une confcience vraie & une fausse, une confcience certaine & une douteufe. 5. D. Qu'est-ce que la confcience vraie ! R. C'est un jugement intérieur qui nous dicte que la loi de Dieu ordonne ou défend une chose qui eft véritablement ordonnée ou défendue.

6. D. Qu'est-ce qu'une confcience fauffe

R.. C'eft un jugement intérieur qui nous dicte contre la vérité, qu'une chofe eft ordonnée, permife ou défendue.

7. D. Qu'eft-ce que la confcience certaine ! R. C'est celle qui eft appuyée fur une raifon

certaine.

8.D. Qu'est-ce que la confcience douteufe R. C'est celle qui n'a pour fondement que des raifons incertaines ou douteuses.

9. D. Eft-il permis d'agir contre fa conf

cience

R. Non, il n'eft jamais permis d'agir contre fa confcience, felon ces paroles de S. Paul: Tout ce qui n'eft pas felon la confcience,eft péché.

10. D. Pourquoi offenfe-t-on Dieu quand on agit contre fa confcience ?

R. Parce qu'alors on fait volontairement ce qu'on croit être mauvais, & qu'ainfi on confent au mal.

11. D. Peut-on être coupable en faisant ce que nous dicte la confcience!

R. Oui, on peut être coupable en faifant. ce que nous dicte la conscience, parce qu'elle n'est pas une regle infaillible, c'est-à-dire qu'elle peut nous tromper par notre faute par exemple, un homme qui ment parce que

fa confcience lui dicte qu'il y eft obligé pour fauver l'honneur de fon prochain; cet homme eft coupable de menfonge, puifque tout homme raisonnable peut & doit savoir qu'il n'eft jamais permis de mentir.

12. D. Que doit donc faire cet homme à qui une confcience fauffe dicte qu'il doit mentir pour fauver l'honneur de fon prochain

R. Cet homme, & tout autre en pareil cas, doivent rectifier leurs confciences, en s'inf truifant de leurs devoirs.

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13. D. Eft-ce toujours un péché d'agir felon une fauffe conscience !

R. Oui, à moins que cette confcience fauffe ne vienne d'une ignorance invincible, c'est-àdire, d'une ignorance qu'on n'a pas pu ni dû diffiper, ce qui eft très-rare.

14. D. Eft-il permis d'agir felon la confcience douteufe, c'est à dire de faire une chofe quand on doute fi elle eft permife ou défendue.

R. Non, c'eft offenfer Dieu, que de faire une chofe quand on doute fi elle eft permife ou défendue, parce qu'alors on s'expose võlontairement au danger de commettre une mauvaise action, cu qui eft un péché.

15. D. Pour ne point offenfer Dieu, il faut donc être sûr que ce qu'on fait n'est point défendu :

R. Oui, il faut être sûr de la bonté de fon action; & en avoir au moins la certitude que l'on appelle morale.

16. D. Qu'est-ce qu'une certitude morale R. C'est une affurance qui eft fondée sur des motifs folides & capables de déterminer un homme prudent.

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