Les hommes de lettres

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E. Dentu, 1860 - 362 pages
 

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Popular passages

Page 64 - Cela, qui agit si peu sur la plupart, les choses, avait une grande action sur Charles. Elles étaient pour lui parlantes et frappantes comme les personnes. Elles lui semblaient avoir une physionomie, une parole, cette particularité mystérieuse qui fait les sympathies ou les antipathies. Ces atomes invisibles, cette âme qui se dégage des milieux de l'homme, avait un écho au fond de Charles. Un mobilier lui était ami ou ennemi. Un vilain verre le dégoûtait d'un bon vin. Une nuance, une forme,...
Page 58 - ... d'un masque sur un menton; en bas, aux deux côtés de la salle, sur les deux escaliers rouges, entre les municipaux effarés, des flots de masques, des flots de femmes qui piétinent de marche en marche et piaffent déjà la danse; en bas, la salle qui engloutit tout ! du blanc, du rouge, du...
Page 73 - Un article, une page, c'est une chose de premier coup, c'est comme un enfant : ou il est ou il n'est pas. Je ne pense jamais à ce que je vais écrire. Je prends ma plume, et j'écris. Je suis homme de lettres : je dois savoir mon métier.
Page 33 - C'est un paradoxe ! cria Florissac. — Je pense qu'il ne faut pas écrire, là!... Je pense que Hugo et les autres ont fait reculer le roman, le véritable roman, le roman de Rétif de la Bretonne, oui! Je pense qu'il faut se relever les manches et fouiller dans la loge des portiers et l'idiotisme des bourgeois : il ya là un nouveau monde pour celui qui sera assez fort pour mettre la main dessus; je pense que le génie est une mémoire sténographique...
Page 116 - On ne conçoit bien que dans le silence, et comme dans le sommeil de l'activité des choses et des faits autour de soi. Les émotions sont contraires à la gestation de l'imagination. Il faut des jours réguliers, calmes, un état bourgeois de tout l'être, un recueillement d'épicier, pour mettre au jour du grand, du tourmenté, du nerveux, du poignant, du dramatique...
Page 131 - Lampérièrc, je cherche... Amélioration morale de l'espèce humaine? L'histoire est-elle plus belle? Les vérités ontelles augmenté dans le monde? Le mensonge est partout, partout! On a été obligé d'inventer pour lui un nom poli : la blague, un euphémisme! partout, dans la statistique, dans la science... Et notre seule comédie de mœurs s'appelle les Saltimbanques ! Des mots sur les murs, des mots dans les livres, et toujours des mots, rien que des mois ! ... Je te prendrai n'importe quoi.
Page 33 - S'il pense tout cela? — dit Couturat à Bourniche, — s'il le pense? mais il en est capable... Pommageot, c'est une religion en chambre! N'est-ce pas, Pommageot, que tu penses... — Je pense, — dit Pommageot en s'animant, — . que toutes les vieilles blagues du romantisme sont finies; je pense que le public en a assez, des phrases en sucre filé; je pense que la poésie est un borborygme; je pense que les amoureux...
Page 214 - Ah ! le malheureux ! — dit Charles quand il eut fini, — pas même de convictions littéraires ! — Car, pour Charles, toutes les autres trahisons de conscience, tous les reniements de foi politique et religieuse n'étaient que des peccadilles auprès de l'apostasie littéraire.
Page 64 - Charles plus souvent qu'elles ne les caressaient, avaient fait de Charles un mélancolique. Non pas que Charles fût mélancolique comme un livre : avec de grandes phrases; il était mélancolique comme un homme d'esprit: avec du savoir-vivre. A peine s'il semblait triste. L'ironie était sa façon de rire et de se consoler, une ironie...
Page 76 - Critiques et louanges me louent et m'abîment sans comprendre un mot de ce que je suis. Toute ma valeur, ils n'ont jamais parlé de cela, c'est que je suis un homme pour qui le monde visible existe '. » Aux bureaux de l

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