Essai sur les préjugés, ou, De l'influence des opinions sur les mœurs & sur le bonheur des hommes: Ouvrage contenant l'apologie de la philosophie. /Par Mr. D. M.., Volume 1

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Page 43 - Les principes les plus évidens font fouvent les plus contredits, ils ont à combattre l'ignorance, la crédulité , l'habitude , l'opiniâtreté , la vanité des hommes ; en un mot les intérêts des grands & la ftupidité du peuple, qui font qu'ils s'attachent toujours à leurs anciens fyftêmes.
Page 52 - ... punie; l'oisiveté, l'ignorance et des connoissances futiles y sont uniquement honorées, encouragées, récompensées ; le génie y est étouffé à moins...
Page 161 - ... atrabilaires ont révolté les hommes par leurs mépris infultans, & n'ont fait que leur fournir des motifs pour s'attacher plus opiniâtrément à leurs erreurs, & pour décrier les médecins & les remedes.
Page 179 - Nous voyons souvent des hommes corrompus se détromper des préjugés religieux dont leur esprit a senti la futilité , en conclure trèsimprudemment que la morale n'a point de fondemens plus réels que la religion ; ils s'imaginent que celle-ci une fois bannie , il n'existe plus de devoirs pour eux, et qu'ils peuvent dès-lors se livrer à toutes sortes d'excès.
Page 45 - ... ainsi, pour l'ordinaire, les ouvrages utiles ne sont faits ni pour les grands, ni pour les hommes de la lie du peuple; les uns et les autres ne lisent guère; les grands d'ailleurs se croient intéressés à la durée des abus, et le bas peuple ne raisonne point. Ainsi tout écrivain doit avoir en vue la partie mitoyenne d'une nation qui lit, qui se trouve intéressée au bon ordre, et qui...
Page 67 - Sultans , les fociétés humaines jouiraient de toute la' félicité dont elles font fufceptibles en ce monde ; mais l'homme n'eft qu'un enfant toutes les fois qu'il s'agit de fes Dieux & de fes Rois ; il n'a jamais le courage d'examiner leurs titres ., il croupit dans la fange de la fervitude & de la fuperftition , parce que fes Peres ont éte des efclaves fuperftitieux.
Page 57 - ... auront de la science, de l'activité , de l'industrie; qui connoîtront leurs devoirs , qui seront animés par les mobiles réels de la gloire et de la considération publique ; enfin, , qui détachés des préjugés, n'en seront que plus capables de vaquer au bien-être de l'état , aux intérêts de la morale. On ne peut trop aveugler un peuple qu'on veut rendre malheureux ; on ne peut trop éclairer celui dont on veut faire le bonheur. Un tyran ne voit rien au-delà de ses passions actuelles...
Page 179 - Ainsi c'est leur perversité naturelle qui les rend ennemis de la religion : ils n'y renoncent que lorsqu'elle est raisonnable. C'est la vertu qu'ils haïssent, encore bien plus que l'erreur ou l'absurdité. La superstition leur déplaît non par sa fausseté...
Page 56 - La vérité, la fcience , les talens ferontils donc les victimes éternelles de la haine facerdotale , d'une politique imprudente , de l'ignorance opiniâtre , de la barbarie des nations ? Faudra-t-il toujours recourir à la rufe, à la fourberie, à la violence pour contenir les peuples & fe fervir des récompenfes chimériques ou des vaines terreurs d'une autre vie pour mettre un frein à des...
Page 271 - ... l'incertitude et le doute sur la morale ? pourquoi vivent-ils dans un honteux oubli de leurs devoirs les plus saints? pourquoi la vertu est-elle si problématique et si rare ? C'est que l'on néglige leur éducation ; c'est que l'on fonde leurs devoirs sur les oracles de leurs prêtres ; c'est que les chefs qui les gouvernent, les rendent vicieux, ou ignorent eux-mêmes les vrais mobiles qui les porteroient à la vertu ; c'est que ceux qui leur enseignent la morale, ne connoissent point ses principes...

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