CHOISIE DE MÉDECINE, Tirée des Ouvrages Périodiques, tant François Avec plusieurs Pièces rares, & des Remarques utiles & curieuses. Par M. PLANQUE, Doct. en Méd. TOME DIXIЕМЕ. AVEC FIGURES. APARIS, Chez la Veuve D'HOURY, Imprimeur - Libraire de Monseigneur M. DCC. LXX. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROL PRÉFACE. R IEN de si difficile en littérature que d'achever un ouvrage commencé par un autre. En mourant, un auteur emporte avec lui ses idées, son esprit, son érudition, ses recherches, fes connoissances. Il ne reste au continuateur que l'inspection de ce qui est fait; il n'a point d'autre guide. On sçait assez que cela ne suffit pas toujours. Si l'auteur laisse des matériaux, ils sont souvent informes, rangés sans ordre, sans liaison; ce ne font quelquefois que des citations, des renvois, des renfeignements; & fi l'on veut les mettre en usage, il n'est pas aisé d'en venir à bout. Mais lorsqu'il n'en a pas laissé, ou que ceux qui existent viennent à être divertis par un héritier avide qui s'en saisit ou les séquestre, afin d'en tirer plus de parti, il faut que le continuateur revienne sur tous les livres qui pouvoient & devoient fournir les pieces de l'édifice commencé; ce qui demande un temps considérable, qu'on est tenté de regretter, fur-tout, quand après avoir feuilleté des centaines de volumes, on ne trouve dans un grand nombre que des matériaux déjà mis en œuvre, & très-peu ou presque point de ce qu'il seroit nécessaire. C'est précisément le cas où nous nous sommes trouvés en parcourant les collections nombreuses d'ouvrages périodiques, pour en tirer les matieres du dixieme volume in-4°. de la bibliotheque de médecine. Ajoutons à cela que nous avons eu bien peu de temps en comparaison de celui qu'a employé M. PLANQUE à ce travail, auquel il se livroit depuis plus de vingt ans, & qui a été une des principales occupations de sa vie. En achevant la bibliotheque de médecine, nous avons tâché au moins de ne point nous écarter de l'ordre primitif adopté par l'auteur; nous avons puisé dans les mêmes sources; nous Tom, X, nous sommes enfin efforcés de faire un choix parmi les morceaux épars que nous avions recueillis; car nous aurions pû augmenter cette collection de deux volumes in-4°. mais nous aurions été plus loin que M. PLANQUE ne vouloit aller: il s'agissoit d'ailleurs de mettre fin à un ouvrage dont plusieurs circonstances avoient trop long-temps retardé la publication, même depuis la mort de l'auteur, & que plus d'une personne demandoit & paroissoit defirer avec empressement. Nous nous croirons bien récompensés des dégoûts que nous avons essuyés pour les épargner aux autres, fi ce dernier volume, que nous présentons au public, ne lui est point désagréable; s'il en juge affez favorablement, pour ne le point mépriser; en un mot, s'il ne le reçoit pas avec moins d'accueil que les précédents. Ce seroit ici le lieu de parler du laboricux auteur de la bibliotheque de médecine; nous pensions même y être obligés : mais ceux qui auroient pû & même dû se prêter à nos defirs, nous ont refufé les éclaircissements nécessaires qui leur ont été demandés. Forcés d'en dire très peu de chose, nous donnerons au moins une notice de ce qu'il a fait. FRANÇOIS PLANQUE naquit le 29 Juin 1696 à Amiens, où il paroît qu'il finit ses études. Vers 1720, il se rendit à Paris dans le dessein d'y prendre des connoislances relatives à l'état qu'il devoit embrasfer. Ce fut à peu près dans le même temps que M. GUERIN, chirurgien, lui confia le foin de l'éducation de fon fils qui a suivi la même profession, & l'exerce aujourd'hui encore avec diftinction dans la capitale. Nous aurions été flattés de pouvoir le remercier ici de nous avoir mis à portée de faire connoître un homme auquel il a cu des obligations, qu'il a toujours estimé, avec lequel il a voulu vivre comme ami dans un âge mûr & sous le même toît: ce qui prouve que la reconnoillance étoit agissante chez M. GUERIN, & que M. PLANQUE l'avoit mérité par ses soins: deux choses également à la louange de l'un & de l'autre... : 1 Nous ignorons en quel temps M. PLANQUE commença fon cours de médecine; mais nous sçavons qu'après avoir satisfait aux études légales, il se renferma long-temps dans son cabinet, & qu'il ne prit le dégré de docteur qu'en 1747 ou 1748, dans la faculté de Reims, lorsqu'il publia le premier volume de sa bibliotheque. Cette vie sédentaire paroît avoir eu pour lui plus d'attraits que la pratique, plus difficile sans doute, mais plus brillante, de la médecine. Il lut beaucoup; fit des notes, des obfervations, des extraits; & amassa des matériaux immenses dans le dessein d'exécuter une bibliographie médicale qu'il vouloit intituler thefaurus medicina patens. Cet ouvrage étoit en état d'être imprimé; nous en avons vule manuscrit tel qu'il fut donné à l'imprimeur: il devoit former plusieurs volumes in-4°. & fut mis sous presse en 1744, mais sous le titre de bibliographia medica; on en imprima soixante & dix-huit feuilles * , qui sont sous nos yeux, & que nous avons examinées avec beaucoup d'attention. Voici ce qu'il résulte de cetexamen: malgré les peines que M. PLANQUE s'étoit données pour cet ouvrage, malgré le temps qu'il lui avoit coûté, le grand nombre de livres qu'il avoit confultés, les catalogues qu'il pouvoit avoit vus, les bibliotheques publiques & particulieres qu'il avoit visitées, on ne sçauroit regretter qu'il n'ait pas été rendu public. Son plan, étoit trop vaste pour être bien rempli. Ce qui existe imprimé, eft plein de répétitions, d'inexactitudes, de choses étrangeres même, comme des formules de remedes; fans parler d'omissions considérables. En effet on n'y a mis que les titres des livres françois qu'on a traduits de suite en latin, & les titres de ceux qui sont écrits en langue latine; on n'en trouve aucun en langue étrangere. La bibliotheca realis medica de LIPENIUS avoit sans doute fait naître, à M. PLANQUE, l'idée d'une bibliographie médicale; mais en voulant lui donner trop d'étendue, & rapporter sous un même objet, non seulement * Nous en avons nous-mêmes déposé un exemplaire dans la bibliotheque du Roi, un autre dans la bibliotheque de Sainte Genevieve, & in troifieme dans celle des Augustins de Notre-Dame des Victoires, où les curieux pourront les voir. a jj |