Nouveaux voyages en zigzag à la Grande Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d'Herenz, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche

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Garnier Frères, 1858 - Alps - 454 pages
 

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Popular passages

Page ix - Tantôt d'immenses roches pendaient en ruines au-dessus de ma tête. Tantôt de hautes et bruyantes cascades m'inondaient de leur épais brouillard. Tantôt un torrent éternel ouvrait à mes côtés un abîme dont les yeux n'osaient sonder la profondeur. Quelquefois je me perdais dans l'obscurité d'un bois touffu. Quelquefois, en sortant d'un gouffre, une agréable prairie réjouissait tout à coup mes regards.
Page xi - Meuron, osait, le premier, tenter de rendre sur la toile « la saisissante àpreté d'une sommité alpine, au moment où, baignée de rosée et se dégageant à peine des crues fraîcheurs de la nuit, elle reçoit les premiers rayons de l'aurore. » Mais les Calame, les Diday et autres qui marchent sur leurs traces n'étaient point encore venus. Les classiques d'alors s'attachaient à prouver, par toutes sortes de raisons techniques et de considérations d'atelier, que ces régions supérieures des...
Page 245 - ... qu'elle dirige la pensée vers les grands mystères de la création , captive l'âme et l'élève. Aussi, tandis que l'habituel spectacle des bienfaits de la Divinité tend à nous distraire d'elle, le spectacle passager des stérilités immenses, des mornes déserts, des régions sans vie , sans secours , sans bienfaits, nous ramène à elle par un vif sentiment de gratitude, en telle sorte que j'ius d'un homme qui oubliait Dieu dans la plaine s'est ressouvenu de lui aux montagnes.
Page 313 - Cette fois, en déposant le bâton de voyageur, nous dit-il, celui qui écrit ces lignes se doute tristement qu'il ne sera pas appelé à le reprendre de sitôt... Pour voyager avec plaisir, il faut pouvoir tout au moins regarder autour de soi sans précautions gênantes, et affronter sans souffrance le joyeux éclat du soleil. Tel n'est pas son partage pour l'heure. Que si, par un bienfait de Dieu, cette infirmité de vue n'est que passagère, alors, belle...
Page xi - Mais l'Alpe a été rude à conquérir tout entière ; les montagnes ne se laissent pas brusquer en un jour; les René et les Childe-Harold les traversent, les déprécient ou les admirent, et croient les connaître : elles ne se livrent qu'à ceux qui sont forts, patients et humbles tout ensemble. Il faut ici du pâtre jusque dans le peintre. Il a fallu monter lentement, pied à pied, s'y reprendre à bien des fois avant de ravir les richesses dans leurs replis (1). Quant à la peinture proprement...
Page 238 - Cervin, qui ici s'élance, reine et isolée, de dessus les dômes argentés de la grande chaîne, pour aller défier la tempête jusqu'au plus haut des airs.
Page 245 - ... même une merveille de gigantesque pour l'œil qui a vu les astres, ou pour l'esprit qui conçoit l'univers! La nouveauté sans doute, pour des citadins surtout, l'aspect si rapproché de la mort, de la solitude, de l'éternel silence; notre existence si frêle...
Page vii - ... dans les différents espaces de la terre, qu'elle favorise le goût des voyages lointains, et nous invite, d'une manière aussi instructive qu'agréable , à entrer en commerce avec la libre nature. Dans l'antiquité que l'on nomme par excellence l'antiquité classique, les dispositions d'esprit particulières aux Grecs et aux Romains ne permettaient pas que la peinture de paysage fût pour l'art un objet distinct, non plus que la poésie descriptive. Toutes deux ne furent traitées que comme...
Page 168 - C'est là qu'en accostant le paysan qui descend la chaussée, ou en s'asseyant le soir au foyer des chaumières, on a le charme d'entendre le français de souche, le français vieilli mais nerveux, souple, libre*, et parlé avec une antique et franche netteté par des hommes aussi simples de mœurs que sains de cœur et sensés d'esprit.

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