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vous assurer de ces sentiments de vive voix. C'est pourquoi nous attendons une visite de vous. En attendant, nous vous donnons, avec la plus grande effusion, la bénédiction apostolique. Pius P. P. VII. Du Quirinal, 15 oct. 1801 » 1.

Le Prélat se retira à Viterbe, accompagné de l'abbé Antoine Espagnet, son fidèle secrétaire, qui ne voulut jamais se séparer de lui.

Le 8 août 1817, il fut nommé à l'archevêché d'Avignon, qu'il refusa, et le 13 mars 1837, il mourut plein de jours et de mérites à l'âge de 90 ans.

Monseigneur de Bonneval fut le dernier évêque de

Senez.

1 MONTGRAND, loc. cit., pp. 429-430.

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L'Évêque est absent; on le presse de rentrer. Il temporise. Pressé de nouveau, il fait sa déclaration de principes. - Il est dénoncé, 22 nov. Nouvelles tentatives. Nouvelles protestations du Prélat. Suppression du Chapitre, 3 déc. - On insiste de nouveau pour qu'il accepte le siège. Il répond par une protestation contre l'élection éventuelle d'un Intrus. - L'élection a lieu le 20 mars. Villeneuve est nommé et accepte. L'Évêque écrit au Directoire et à l'Intrus.

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Son mandement est dénoncé.

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Qu'était Villeneuve ? Son entrée à Digne. Contre-manifestation. Déboires du prélat constitutionnel. Mgr Villedieu lance un nouveau mandement, 2 mai 1792. Il refuse promesse de fidélité à la Constitution de l'an VIII. - Se range parmi les anticoncordataires. Rentre en France en 1814, et meurt à Paris en 1823.

Le Directoire départemental, satisfait de ce que la Constitution attribuait à Digne le siège épiscopal des Basses-Alpes, préférablement à toute autre ville du département, avait hâte de voir l'Évêque venir prendre possession de ce nouveau diocèse si considérablement. agrandi. La suppression des quatre sièges épiscopaux voisins, dont les territoires avaient été réunis en grande partie au siège de Digne, rendait plus nécessaire encore la présence de Mgr de Villedieu, seul évêque désormais du département. Le Directoire fut d'avis de lui écrire. « pour lui notifier officiellement la proclamation du Roi et le prier de venir en toute hâte en remplir les sages dispositions ». Le Prélat se déclare fort touché

Archiv. dép., L. I, 92.

Lettre du 20 octobre 1790.

de l'empressement qu'on veut bien lui témoigner, et regrette vivement que la mauvaise saison contrarie le désir qu'il a de se rendre à ses devoirs 1. Mgr de Villedieu comprenait très bien qu'il ne pouvait prendre en main l'administration d'un diocèse, ainsi quadruplé par la seule puissance civile, sans adhérer au schisme. Il savait bien, d'autre part, que ni sa présence à Digne, ni les protestations qu'il y pourrait faire entendre, ne modifieraient en rien les dispositions de la loi qui ne reconnaissait au diocèse de Digne d'autres limites que les limites mêmes du nouveau département. Il jugea donc plus prudent de rester à Paris. Mais il voulut faire connaître d'une façon catégorique ses sentiments sur la Constitution civile du clergé et sur l'acte que le Directoire sollicitait de lui. Il le fit dans une lettre qui est une véritable profession de foi, et que nous croyons à propos de reproduire :

<< Paris, 8 novembre 1790. Contraint de différer mon départ pour Digne, je ne me crois pas permis de différer la réponse qu'exige votre délibération par laquelle je dois être tenu de m'expliquer catégoriquement sur la proclamation du Roi du 24 juillet dernier, et former, si je l'accepte, mon clergé dans le plus bref délai. J'ai l'honneur de vous répondre que plusieurs dispositions contenues dans la Constitution civile du clergé exigeraient, pour qu'un évêque s'y conformât dans la pratique, des pouvoirs qui ne lui ont pas été donnés, et qu'il ne peut recevoir que de la puissance spirituelle et ecclésiastique, de laquelle seule il tient les pouvoirs du même genre dont il est revêtu... Je ne me reconnais pas la puissance de destituer un curé titulaire ni de supprimer son titre si ce n'est pour des causes et avec

1 Archiv. dép., L. I, 155. Lettre du 30 octobre.

les formes prescrites par la discipline de l'Église universelle... Je ne puis cesser de regarder M. Champsaud, curé de Digne, comme vrai curé titulaire jusqu'à ce qu'il ait été canoniquement et légalement destitué... Le Souverain temporel peut concourir par son désir et ses bienfaits à des établissements, au changement de disposition dans les titres de bénéfices et missions ecclésiastiques; il ne peut atteindre les devoirs imposés par la religion d'un serment légitime et par la conscience... Ces liens ne peuvent être rompus que par la même autorité qui les a formés... Je ne me reconnais pas non plus la puissance de supprimer et remplacer un vénérable Chapitre, conseil-né des premiers pasteurs... Les chapitres de nos cathédrales sont nos vrais vicaires. Je ne puis les priver ni pendant ma vie ni après ma mort d'une puissance spirituelle qu'ils ne tiennent pas de moi, ni de mes prédécesseurs, ni du premier évêque de Digne, mais de la loi que l'Église a faite par les ordres, avec l'assistance journalière et sous les yeux du vrai Dieu, son instituteur... D'après ces principes, conformes à la doctrine des livres élémentaires du Christianisme, les plus anciens comme les plus modernes, il n'est pas en mon pouvoir de croire ni d'enseigner qu'une déclaration de la puissance temporelle ait pu seule consommer l'extinction et l'union. des sièges métropolitains et suffragants, destituer seule et valablement leurs titulaires, sans leur consentement, sans délit prouvé, sans forme, sans accession de l'autorité ecclésiastique. Un évêque, un prêtre titulaire, n'est pas à mes yeux un envoyé du prince temporel; et, d'après la Constitution qui nous gouverne, ces envoyés mêmes ne sont pas destituables sans cause jugée... Un évêque dit supprimé ne peut être délié de ses devoirs même par sa démission... Si je me crois sans pouvoir pour l'exécution de plusieurs points de la Constitution

civile du clergé, je ne dois pas tenter de l'exécuter dans ces mêmes points. Ce n'est pas par esprit de résistance, moins encore de ressentiment, Dieu le sait; c'est une véritable impuissance... Si l'on prétendait nous contraindre, ce ne pourrait être que par erreur. Je puis gémir, souffrir de cette erreur; je dois la combattre, mais je ne puis la partager volontairement sans crime. Vous ne le pouvez pas, nul chrétien ne le peut. Au reste, Messieurs, dans la défiance trop bien fondée de mes propres lumières, je soumets de cœur et d'esprit mon opinion contenue dans ma présente réponse aux lumières et aux ordres de mes supérieurs ecclésiasti ques... Je vous supplie de ne rien précipiter, et suis... FRANÇOIS, évêq. de Digne » 1.

L'Assemblée départementale ne fut pas médiocrement surprise en lisant cette lettre qui trompait son attente et augmentait son embarras. Dans la séance du 21 novembre, le président fit connaître ce document : « L'Assemblée, dit-il, n'avait différé, jusqu'à présent, la suppression effective des Évêchés et des Chapitres que dans l'espoir que l'Évêque de Digne, fidèle à la promesse qu'il avait faite de se rendre au chef-lieu, viendrait concourir avec elle à l'exécution des décrets ». Devant ce refus déguisé de venir, l'assemblée décida de faire procéder, par le soin des municipalités, à la suppression effective des Évêchés et des Chapitres, les commissaires nommés à cet effet ne jugeant pas prudent de s'éloigner du pays. Puis, le lendemain, 22 novembre, l'Assemblée considérant « ...que le huit du courant, l'Évêque a écrit qu'il ne pouvait ni ne devait se soumettre aux décrets de l'Assemblée nationale concernant l'organisation civile du clergé, arrêta de dénoncer la lettre écrite par le sieur Mouchet, en date du 8 cou

1 Archiv. dép., L. I, 153, pp. 70-71-72-73-74.

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