A caufe de fa maladie, 2 Ils gémiffent tous deux, & pour fauver fa vie, Car, dès qu'on en eut connoiffance, Le maître fit venir fon chaffeur & lui dit: Nous avons affez du petit, En telle détreffe le mit, Que de foibleffe il s'abatit Refta gifant & dit: ah! quelle extravagance ¿ De foupirer après le bien d'autrui! FABLE DOUX IEM E. Les deux Jupiters. UN riche idolâtre, jadis, Avoit deux Jupiters, l'un d'or, l'autre d'argile. D'une froide & maigre cuisine, Un peu de fel & de farine, Ce fut tout mon revenant bon; Ce mignon-là, chaque jour, au contraire, Et de mainte autre bonne chère, Se voit humblement accueilli ; De fleurs on ceint fon front, le vin au tour de lui A grands flots eft verfé, tu fais tout pour lui plaire, Et tu me traites, moi, tout comme un pauvte hère ; Ainfi Ainfi que lui, , pourtant, ne fuis-je pas Jupin? Père des immortels, & Roi du genre humain? N'ai-je pas, comme lui, dans ma main le tonnerre? Pourquoi faut-il que ce blondin Mange le fruit, & moi la gouffe? Tout doux, mon Dieu de brique, ayez moins de chagrin, Et ménagez fur- tout la trop vive fecouffe, Répondit l'homme au furplus, de quel gain Repartit la ftatue: oh! rien de plus, ma foi, D'en ufer felon fa valeur. Pourdes dieux comme vous, on peut,monbeaufeigneur, Les acheter au moyen d'une obole. On dit qu'à ces mots, notre idole Combien de gens, s'ils vouloient fe connoître Vivroient paisiblement dans leur fimplicité ! Aux yeux du monde, il s'agit toujours d'ètre Propre à flatter fa vanité, Pour avoir droit d'être fon maître. FABLE TREIZI E ME. LORGUEIL, Les Poiffons. VORGUEIL, un jour, chez le peuple poiffon, Vint, dans la mer, femer la zizanie ; Du hareng jufqu'à l'efturgeon Tout conçut des honneurs la frivole manie. La cour du Roi regorgea de cliens, Qui rampèrent tant qu'ils reçurent, D'où vint que nos nigauds bientôt fe méconnurent, Se diftinguer en cent façons: Même à la nage, on fe donna des tons, Chacun voulant aller, chacun à fa manière. La torpille fut la derniere Que l'épidémie infecta, A qui dans la tête il monta Toutefois curieux, le bienfaifant Monarque! Et pourquoi des grandeurs elle étoit en fouci. FABLE QUATORZIEME LE Le Prêtre le Malade. E plus rude fléau par le ciel inventé, La pefte ravageoit une immenfe Cité. A confoler fes nombreuses victimes, (De leur magie, en ce funefte cas, On n'eût pû tout de même efpérer grand miracle); |