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et voient s'il n'échappe pas à toutes leurs méthodes. Par les extrémités il ne ressemble point à ceux qu'ils ont appelés solipèdes, puisqu'il a le pied divisé ; il ne ressemble point à ceux qu'ils ont appelés pieds fourchus, puisqu'il a réellement quatre doigts au dedans, quoiqu'il n'en paroisse que deux à l'extérieur; il ne ressemble point à ceux qu'ils ont appelés fissipèdes, puisqu'il ne marche que sur deux doigts, et que les deux autres ne sont ni développés ni posés comme ceux des fissipèdes, ni même assez allongés pour qu'il puisse s'en servir. Il a donc des caractères équivoques, des caractères ambigus, dont les uns sont apparents et les autres obscurs. Dira-t-on que c'est une erreur de la nature? que ces phalanges, ces doigts, qui ne sont pas assez développés à l'extérieur, ne doivent point être comptés? Mais cette erreur est constante. D'ailleurs cet animal ne ressemble point aux pieds fourchus par les autres os du pied, et il en diffère encore par les caractères les plus frappants: car ceux-ci ont des cornes et manquent de dents incisives à la mâchoire supérieure; ils ont quatre estomacs, ils ruminent, etc. Le cochon n'a point de cornes; il a des dents en haut comme en bas; il n'a qu'un estomac; il ne rumine point: il est donc évident qu'il n'est ni du genre des solipèdes ni de celui des pieds fourchus ; il n'est pas non plus de celui des fissipèdes, puisqu'il diffère de ces animaux non seulement par l'extrémité du pied, mais encore par les dents, par l'estomac, par les intestins, par les parties intérieures de la génération, etc. Tout ce que l'on pourroit dire, c'est qu'il fait la nuance, à certains égards, entre les solipèdes et les pieds fourchus, et à d'autres égards, entre les pieds fourchus et les fissipèdes; car il diffère moins des solipèdes que des autres par l'ordre et le nombre des dents. Il leur ressemble encore par l'allongement des mâchoires : il n'a, comme eux, qu'un estomac, qui seulement est beaucoup plus grand; mais par un appendice qui y tient, aussi bien que par la position des intestins, il semble se rapprocher des pieds fourchus ou ruminants. Il leur ressemble encore par les parties extérieures de la génération, et en même temps il ressemble aux fissipèdes par la forme des jambes, par l'habitude du corps, par le produit nombreux de la génération. Aristote est le premier qui ait divisé les animaux quadrupèdes en solipèdes, pieds fourchus et fissipèdes ; et il convient que le cochon est d'un genre ambigu: mais la seule raison qu'il en donne, c'est que dans l'Illyrie, la Péonie et dans quelques autres lieux, il se trouve des cochons solipèdes. Cet animal est encore une espèce d'exception à deux règles générales de la nature : c'est que plus les animaux sont gros, moins ils produisent, et que les fissipèdes sont de tous les animaux ceux qui produisent le plus. Le cochon, quoique d'une taille fort au-dessus de la médiocre, produit plus qu'au

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cun des animaux fissipèdes ou autres. Par cette fécondité, aussi bien que par la conformation des testicucules ou ovaires de la truie, il semble même faire l'extrémité des espèces vivipares, et s'approcher des équivoque, ambiguë; ou, pour mieux dire, il paroît espèces ovipares. Enfin il est en tout d'une nature tel à ceux qui croient que l'ordre hypothétique de leurs idées fait l'ordre réel des choses, et qui ne points apparents auxquels ils veulent tout rapporter. voient dans la chaîne infinie des êtres que quelques

Ce n'est point en resserrant la sphère de la nature et en la renfermant dans un cercle étroit qu'on pourra la connoître; ce n'est point en la faisant agir par des vues particulières qu'on saura la juger ni qu'on pourra la deviner; ce n'est point en lui prêtant nos idées qu'on approfondira les desseins de son auteur. Au lieu de resserrer les limites de sa puissance, il faut les reculer, les étendre jusque dans l'immensité; il faut ne rien voir d'impossible, s'attendre à tout, et supposer que tout ce qui peut être est. Les espèces ambiguës, les productions irrégulières, les êtres anomaux, cesseront dès lors de nous les autres dans l'ordre infini des choses; ils en forétonner, et se trouveront aussi nécessairement que ment les nœuds, les points intermédiaires; ils en l'esprit humain des exemplaires précieux, uniques, marquent aussi les extrémités. Ces êtres sont pour où la nature, paroissant moins conforme à elle-même, se montre plus à découvert, où nous pouvons reconnoître des caractères singuliers et des traits fugitifs qui nous indiquent que ses fins sont bien plus géné rales que nos vues, et que si elle ne fait rien en vain, elle ne fait rien non plus dans les desseins que nous lui supposons.

que nous venons d'exposer? Ne doit-on pas tirer des En effet, ne doit-on pas faire des réflexions sur ce inductions de cette singulière conformation du cooriginal, particulier et parfait, puisqu'il est un comchon? Il ne paroît pas avoir été formé sur un plan posé des autres animaux : il a évidemment des parties inutiles, ou plutôt des parties dont il ne peut faire usage, des doigts dont tous les os sont parfaitement formés, et qui cependant ne lui servent à rien. La nature est donc bien éloignée de s'assujettir à des causes finales dans la composition des êtres pour

quoi n'y mettroit-elle pas quelquefois des parties surabondantes, puisqu'elle manque si souvent d'y mettre des parties essentielles? Combien n'y a-t-il pas d'animaux privés de sens et de membres ! Pourquoi veut-on que dans chaque individu toute partie soit utile aux autres et nécessaire au tout? Ne suffit-il pas, pour qu'elles se trouvent ensemble, qu'elles ne se nuisent pas, qu'elles puissent croître sans obstacle,

et se développer sans s'oblitérer mutuellement? Tout

ce qui ne se nuit point assez pour se détruire, tout
ce qui peut subsister ensemble, subsiste; et peut-être

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